19 ans, sans papier, endetté de 1200€
Mariette Jacquet
Accueillir chez soi un demandeur d’asile pour lui offrir abri et répit dans son parcours difficile par le réseau JRS Welcome… c’est ce dont témoigne Mariette. Ses mots donnent une réalité à la vie d’un jeune migrant pour nous conduire à prier pour que son cri soit entendu.
« Tu peux me donner 20€ pour payer le métro ? ». Massoud (le prénom est changé) vient m’aborder dans la cuisine sans préambule. Il est arrivé chez nous ce matin pour un mois dans le cadre du réseau JRS Welcome*. Cet accueil ne prévoit aucune aide financière de la part de la famille qui reçoit. J’explique et refuse. Le lendemain, Massoud revient à l’attaque, plus pressant, c’est pour son téléphone cette fois. Il s’énerve un peu, moi aussi ; et les jours suivants…
Nous mettrons plus d’une semaine avant qu’il ne nous parle à mots couverts mais les larmes aux yeux. Comme tous les jeunes afghans, dès qu’il est arrivé en France il a recherché ses compatriotes. Ceux-ci lui ont aussitôt expliqué qu’il ne fallait pas qu’il se déclare à la police, que c’était dangereux. L’un d’entre eux lui a proposé de le loger chez lui. Moyennant 150€ par mois, il a eu le droit de dormir par terre de 20h à 7h. Et rien dans la journée. Comme il ne pouvait pas payer, on lui a prêté de l’argent. Aujourd’hui, il est à l’abri pour l’hébergement. Mais il doit de l’argent et il a peur.
Massoud s’en est sorti. A la fin de son accueil par Welcome, c’est-à-dire une période qui peut varier de 6 à 9 mois, il a pris au mot la disposition légale que tout le monde veut ignorer : sans réponse de l’Ofpra –Office français de protection des réfugiés et apatrides- au bout de 6 mois, un demandeur d’asile a le droit, de fait, de travailler. Massoud travaille, il a l’argent pour payer son hébergement précaire chez un compatriote. Nous ne l’avons pas revu.
Son cri « Donne-moi 20 € » a été entendu même si la réponse n’a pas été aussi simple qu’il l’avait imaginée.
Prions pour Massoud et ses copains, tout jeunes Afghans perdus en Europe et butinant entre les frontières parce que leur pays leur est fermé.
Mariette Jacquet

Le programme JRS Welcome propose une hospitalité et un hébergement provisoire et gratuit au sein d’un réseau national de familles et de congrégations religieuses, pour une personne dont la demande d’asile est en cours de procédure et qui est laissée à la rue, faute de place dans le Dispositif National d’Accueil.