A nous tous de faire tomber les murs de silence
Paul Dima, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en FrancePrions pour tous ceux qui souffrent à cause du mal commis par des membres de la communauté ecclésiale : afin qu’ils puissent trouver dans l’Église elle-même une réponse concrète à leur douleur et à leur souffrance.
Depuis la publication du rapport de la CIASE – commission indépendante sur les abus sexuels en Église -, il nous faut reconnaître que la mort a été semée en Église par ceux qui avaient mission de témoigner de l’Évangile. Ces crimes ont ruiné la vie des personnes agressées et leur capacité à faire confiance, souvent pour toujours. Face à ces agressions, l’Église est mise en demeure de reconnaître sa responsabilité et de rompre avec un fonctionnement opaque qui a dissimulé ces crimes durant des années.
Le pape François nous invite à demander pardon pour la trahison du message évangélique et à porter, pour la faire nôtre dans la prière, la plainte et la détresse des personnes abusées. Ce dernier mois, à la suite d’enquêtes commanditées par des communautés religieuses, la presse catholique a publié des rapports documentés sur des crimes commis en France par des religieux, prêtres ou laïcs, considérés comme héros de l’Évangile. La reconnaissance de ces agressions et du silence de l’institution, si douloureuse soit-elle pour les fidèles, est nécessaire pour que les victimes puissent reprendre confiance et pour que l’Église redevienne une « maison sûre ». C’est à nous d’avoir un sursaut pour dénoncer et réveiller ceux qui détournent le regard.
Le père Patrick Goujon, jésuite et prêtre, revient dans cette vidéo de la chaîne KTO, sur les agressions subies pendant son enfance à de multiples reprises, de la part d’un prêtre. Il se souvient de son sentiment de libération d’avoir enfin été entendu par l’institution ecclésiale lors de la remise du rapport de la CIASE. Mais il témoigne aussi de la difficulté de faire retour sur un passé toujours difficile à vivre et de sa souffrance face aux lenteurs des instances ecclésiales à mettre en œuvre des actions concrètes pour répondre à ces traumatismes.
Après avoir vu et entendu le témoignage du père Goujon, je prends le temps de faire silence pour être attentif aux sentiments qui m’habitent. Quels mots me viennent spontanément pour dire ce que je ressens, comment cela me touche ou me rejoint : stupéfaction, écœurement, compassion, révolte, dégoût, ébranlement de la confiance envers l’Église ou ses ministres…
Je peux aussi dans un deuxième temps, peut-être après avoir réécouté ce témoignage, repérer les étapes de reconstruction ou de réactivation de la souffrance évoquées par le père Goujon : ce qui a été libérant pour lui et ce qui est encore cause de souffrance.
Le pape François me demande de porter dans la prière celles et ceux qui ont été agressés, pour que le Seigneur nous rende attentif à leur détresse. Il nous invite aussi à prier pour que l’Église trouve des réponses concrètes pour accueillir et accompagner celles et ceux qui ont été injustement dépossédés de leur dignité et de leur confiance en la vie.
Paul Dima, Réseau Mondial de Prière du Pape