Appelé à la conversion pour la sauvegarde de la Création
Éric Charmetant sj et Jérôme Gué sjPour approfondir l’intention de prière du Pape pour septembre « Prions pour que nous fassions des choix courageux en faveur d’un style de vie sobre et durable, en nous réjouissant de voir des jeunes s’y engager résolument », nous avons choisi le livre Parcours spirituel pour une conversion écologique1, écrit par deux jésuites, Éric Charmetant et Jérôme Gué. Cet ouvrage n’est pas seulement un parcours à lire, il est surtout une expérience à vivre, inspirée des Exercices spirituels de saint Ignace, en vue d’une authentique conversion. Il se présente sous la forme de huit étapes, dont nous vous proposons des extraits de trois d’entre elles.
Se recevoir de Dieu avec toutes les créatures

Au-delà du simple émerveillement face à la nature, nous vous proposons de mettre vos pas dans ceux de François d’Assise, afin d’entrer dans une nouvelle relation avec les créatures et vous laisser conduire par elles au Dieu créateur.
L’homme biblique ou l’homme du XIIIème siècle étaient dans l’évidence d’une présence divine qui se donnait à voir dans les œuvres de la nature : penser Dieu créateur de la nature ne leur posait pas de problème. Aujourd’hui, la situation est plus compliquée, car les sciences nous fournissent un récit causal de l’évolution, avec ses mécanismes, ses contingences et ses hasards.
Pour comprendre l’affirmation « Dieu créateur », nous sommes invités à passer de l’image de la fabrication, de l’artisan, à la foi en un Dieu présent au cœur de l’univers qui fait advenir la vie à travers les lois de la physique et de l’évolution, et la possibilité d’entrer en relation avec Lui.
Dans l’histoire religieuse, François d’Assise est pour nous un maître. Mettons-nous à son école et prenons le temps d’évoquer le Cantique des créatures. François d’Assise a vécu une précieuse expérience spirituelle. Nous pouvons y trouver une grande source d’équilibre, quelle que soit notre spiritualité.
Loué sois-tu, Seigneur, dans toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil par qui tu donnes le jour et la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur, et de Toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les Étoiles :
dans le ciel tu les as formées, claires, précieuses et belles. (…)
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau,
qui est utile et très humble, précieuse et chaste. (…)
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits, avec les fleurs diaprées et les herbes.
(texte complet)
Appelé à la conversion pour la sauvegarde de la Création

De toute évidence Jésus n’a pas milité pour l’écologie. Ce n’était pas la question de son époque et nous ne pouvons pas tordre l’Évangile ! (…) Jésus propose aux hommes et aux femmes de son temps une vision d’une société régie par l’amour, nommée « Royaume de Dieu » dans les Évangiles. Cette vision nécessite une véritable conversion, un changement complet de voir les choses. (…)
Aujourd’hui, la situation préoccupante de notre monde, tant du point de vue de la misère sociale que du déséquilibre écologique, nous oblige absolument à repenser les choses. Il nous faut accepter de nous laisser remettre en question, d’entendre d’autres penser autrement, même si cela peut nous paraître très étrange et artificiel. Nous aurions été notables au temps de Jésus, ses paraboles du Royaume et ses agissements nous auraient peut-être paru bien étranges aussi !
C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas au sujet de la nourriture dont vous avez besoin pour vivre, ou au sujet des vêtements dont vous avez besoin pour votre corps. Car la vie est plus importante que la nourriture, et le corps plus important que les vêtements. Regardez les corbeaux: ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cave à provisions ni greniers, mais Dieu les nourrit. Vous valez beaucoup plus que les oiseaux !
Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? Observez comment poussent les fleurs des champs : elles ne travaillent pas, et ne tissent pas de vêtements. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa richesse, n’a pas eu de vêtements aussi beaux qu’une seule de ces fleurs. Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu : à combien plus forte raison vous vêtira-t-il vous-mêmes ! Comme votre confiance en lui est faible ! Ne vous tourmentez donc pas à chercher continuellement ce que vous allez manger ou boire. Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et Dieu vous accordera aussi le reste. (Lc 12, 22-31)
Quelle action inventer ou rejoindre, petite ou grande ?
Comment user de mes marges de manœuvre au travail, de mes droits de parole et d’action comme citoyen ?
Quels moyens me donner pour me former à ces questions et découvrir les différents modes d’action possibles ?
Qui rejoindre pour ne pas être seul dans ce discernement, dans l’écoute de ce à quoi Dieu m’appelle ?
Joie et espérance d’un monde renouvelé

Nous nous trouvons appelés à entrer dans la joie de la résurrection du Christ qui a traversé la mort, est allé prendre la main des morts pour les relever (comme les icônes de la résurrection le montrent). (…)
La situation du monde d’aujourd’hui nous convoque tragiquement à l’espérance. Car ce ne sera pas par la peur et l’annonce de catastrophes que viendra le vrai ressort d’une conversion écologique. Ce sera par l’espérance, par la conviction qu’une histoire est devant nous, que la Création qui nous est donnée est bonne. (…)
Dieu qui aime l’homme a confiance en ses capacités et il espère toujours en lui. Pierre qui a renié Jésus, est confirmé comme chef du groupe des apôtres. Rien n’est jamais perdu !
Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade. (…) C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples. Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais, je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, toi, tu le sais, je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. Jésus lui dit : « Il lui dit pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. » (Jn 21, 1 et 14-17)
Prendre le temps de se mettre dans le contexte de la scène en pleine nature (la lumière, les couleurs, les bruits ou le silence…). (…)
Écouter la densité du silence.
Entrer dans le dialogue, en étant attentif à ce qui anime Pierre et Jésus.
Éric Charmetant sj et Jérôme Gué sj
(1) Parcours spirituel pour une conversion écologique. L’appel de Laudato si. Matière à exercices d’Éric Charmetant sj et Jérôme Gué sj – Édition Vie chrétienne Fidélité – 128 p.