« Arraché à l’enfer »
Propos recueillis par Claire J., Equipe France
Quoi de plus fort et encourageant pour tenir dans la prière « Pour que toutes les personnes sous l’emprise d’addictions afin qu’elles soient soutenues sur leur chemin de libération. » que de lire l’interview plein de vie et de foi d’un jeune homme qui s’en est sorti.
« Arraché à l’enfer », c’est le titre du livre autobiographique de Laurent Gay, qui témoigne depuis 15 ans dans les écoles catholiques auprès de jeunes collégiens et lycéens. Après une plongée dans les drogues dures et un passage en prison, le Seigneur est venu le libérer.
Que mettez-vous en avant lorsque vous témoignez auprès des jeunes ?
Je pars de mon expérience d’ancien drogué. Je montre les mécanismes qui sont toujours les mêmes : curiosité – séduction – refuge – déni – enfermement – perte du goût de vivre – perte de l’effort. Ceci quelles que soient les addictions : tabac, alcool, écrans, jeux, pornographie, harcèlement scolaire, addictions à la nourriture.
Je ne me situe pas comme un spécialiste. Mon témoignage touche car il sonne vrai, il est en cohérence avec mon histoire.
Quel est votre objectif quand vous allez à la rencontre des jeunes ?
Mon objectif est clairement de faire de la prévention en montrant les conséquences de l’addiction. J’insiste pour que les jeunes découvrent tout ce qui en eux est bon, beau et aimable. Je leur parle aussi de ma relation avec Jésus, de ma foi. C’est Lui qui m’a sauvé. J’en parle toujours mais ce n’est pas pour moi l’essentiel car je sais que le chemin pour le rencontrer peut-être long, je sème une parole. Je leur dis qu’on a la possibilité de faire grandir notre bonheur dans cette vie en découvrant l’amour que Dieu y a déposé mais il faut commencer par l’estime de soi, le goût de la vie, les relations vraies. J’essaye donc de les motiver pour leur donner le désir de s’élever. Je les interroge sur les motivations supérieures, les passions qui peuvent orienter leur vie.
Qui vous a vous-mêmes aidé sur ce chemin et que peut dire l’Eglise sur ce sujet ?
Je n’aurais pas pu m’en sortir tout seul. J’ai rencontré des frères, tout d’abord à travers un visiteur de malades qui m’a donné le contact de la Communauté des Béatitudes où j’ai pu me remettre debout au bout de plusieurs années. C’est aussi là que j’ai rencontré ma femme avec laquelle j’ai fondé une famille.
L’Église n’est pas toujours au rendez-vous, elle est le plus souvent bien loin de ces réalités, même si certains lieux d’Eglise comme la Communauté Cenacolo à Lourdes sont de très beaux lieux d’accueil où prêtres et laïcs vont à la rencontre de personnes souffrants d’addictions.
Les proches aussi peuvent aider mais ils ne sont pas toujours les mieux placés. Ils doivent rester dans l’empathie sans entrer dans la complicité, ce qui n’est pas simple. Donner de l’amour est très important mais ne suffit pas. Je suis convaincu que les personnes souffrant d’addictions sont malades et doivent accepter de se soigner. La famille a donc pour mission de renvoyer vers des spécialistes.
Et la prière dans tout ça ?
Elle est nécessaire et peut aider car il y a trop de ravages. Le Pape a raison de nous interpeller vers ces périphéries. Je perçois qu’il y a une confrontation des puissances, celle qui fait dire à un jeune : « Ce n’est que du cannabis, tout le monde le fait » (c’est la meilleure propagande du diable) et les forces de vie présentes en chacun de nous que le Christ vient réveiller. Le Christ a vaincu le mal, c’est mon témoignage, il a agi avec puissance dans ma vie et m’a libéré. Je rends grâce et je l’invoque pour tous ceux qui sont sur ce chemin.
Propos recueillis par Claire J., Equipe France
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