Au cœur de la souffrance, la tendresse de notre Dieu
Paul, Equipe France
Dans l’épreuve de la maladie et de la souffrance, à travers la douce présence de ses proches, Paul a reconnu la tendresse de Dieu. Il en témoigne pour nous aider à prier
« Pour que ceux qui souffrent trouvent des chemins de vie en se laissant toucher par le Cœur de Jésus. »
Vouloir dire ce que l’on vit quand une maladie grave fait irruption est un exercice difficile. Pour le malade d’abord, parce qu’il lui semble impossible de trouver les mots justes pour exprimer ce qui le traverse et demeure en partie obscur pour lui-même. Difficile aussi pour ceux à qui on veut le partager qui risquent de ne pas saisir le bouleversement produit par cet événement.
Que peut-on dire de la tempête lorsque le calme est revenu et que les peurs sont dissipées ? Comment dire la douleur qui par moments vous habite tout entier, au point d’être englouti en elle, malgré vous, malgré les efforts pour ne pas abandonner le combat et rester maître de ses frayeurs obscures ? Peut-on entendre l’ébranlement de tout l’être lorsqu’on ne le vit pas soi-même ou que l’on ne l’a pas vécu ? La pudeur et l’impossible partage invitent à se taire et pourtant il faut dire.
Dire la douleur et les nuits aux heures trop longues, l’univers disloqué où on ne se reconnaît plus. Dire la fin des sécurités habituelles, de l’assurance du présent et d’un avenir ouvert. Surgissent alors des questions inattendues qui reviennent sans répit et demeurent sans réponse. C’est alors l’entrée en des contrées obscures où tout repère habituel fait défaut, où l’appel à l’aide et le sentiment d’être seul se côtoient. Au-delà de la douleur, à la pensée de la mort qui peut-être se fait proche, la souffrance et les larmes d’abandonner les siens et d’être cause de leur désarroi.
Il y a aussi l’insupportable des paroles qui veulent trop vite rassurer, dire que tout va s’arranger. Propos qui cachent mal la peur de ceux qui les prononcent et laissent désemparé. Mais il y a aussi le merveilleux cadeau des présences aimantes qui osent se tenir proches et désarmées, sans rien vouloir, sinon d’être là. Les mots amicaux qui disent l’attention et la proximité, l’union par la pensée ou la prière. J’ai reconnu en tous ces signes donnés par des amis et des proches quelque chose du visage et de la tendresse de mon Dieu. Je les ai reçus et gardés comme un bien précieux, source d’une force mystérieuse qui me gardait dans le monde des vivants.
Comment dire aussi les moments de paix profonde vécus dans l’abandon de soi entre les mains de Dieu, en ressentant qu’Il se tient au plus proche qu’on puisse être, et éprouver en même temps le sentiment d’être abandonné ? Dans ces allers et retours entre espérance et peurs monte alors le cri, comme un appel, vers Lui dont on sait qu’il est entendu. Peut-être est-ce ici la plus haute forme de prière et la seule possible en ces traversées éprouvantes ?
Après des années, lorsque le danger s’est éloigné, quel visage prend la vie retrouvée ? S’il n’y a pas de changements spectaculaires, demeure pourtant la certitude d’avoir vécu, avec l’épreuve, une expérience humaine et spirituelle fondatrice laissant une marque indélébile. Celle d’avoir fait l’expérience de se sentir réellement porté et d’y avoir reçu une force qui ne vient pas de soi. Même si l’usure du quotidien rend moins intense ce qui a été vécu au temps de l’épreuve, peut-être demeure-t-il une façon de concevoir la vie comme un don gratuit et de garder une forme d’attention particulière à ceux qui souffrent.
Paul, Equipe France