Fiche 33 : Des distractions pendant la prière
Frédéric Fornos sj, Réseau Mondial de Prière du Pape
Samuel me dit qu’il n’arrive pas à prier : « J’essaie de n’avoir aucune pensée et de faire silence pour méditer le texte biblique mais je n’y arrive pas. C’est au moment où je m’arrête, où je veux faire silence, que toutes les pensées arrivent d’un seul coup : des choses que je dois faire, des préoccupations, je passe mon temps à vouloir chasser les pensées. »
Il ne s’agit pas de chercher le silence pour le silence, ni d’éviter toutes les pensées. Désirer entrer dans le silence, c’est désirer ouvrir son cœur à la présence d’un Autre, c’est désirer que nos bruits intérieurs se taisent pour écouter Celui qui cherche à nous parler. Il suffit cependant de se taire pour que de nombreuses pensées surgissent en nous ! Alors, que faire ? On ne peut pas se battre contre les pensées.
C’est ce que disent les Pères du désert : « Les pensées sont comme des moustiques, ça ne sert à rien de chercher à les repousser, elles reviennent sans cesse. Plus je me bats contre elles, et je veux les chasser, et plus elles prennent de la force et s’imposent à moi. Il s’agit de les laisser passer comme les nuages dans le ciel, sans s’y attacher. »
Ce qui peut aider, c’est simplement de revenir à la perception, à ce que j’écoute, je regarde, à la parole que je médite, ou bien à ma respiration.
Il existe divers types de pensées. Il a des pensées qui m’ouvrent au Seigneur, qui m’aident à demeurer dans sa Parole : je les accueille. Il y a des pensées qui m’éloignent de Lui, qui me font penser à des choses qui n’ont rien à voir avec ma prière et me dispersent. Ce sont ces pensées qu’il s’agit d’éviter en revenant à la perception : à la respiration, à la présence corporelle. Il y a des pensées qui me rappellent quelque chose d’important à faire, je peux les marquer dans un carnet, mais brièvement, pour ne plus m’en préoccuper et revenir à la prière.
Exercice
Je peux me préparer à la prière dans le silence. Si perçois des pensées, je peux essayer de les rejeter, de les repousser, de les oublier, et regarder si j’y arrive… Puis je peux essayer simplement de ne pas m’en occuper, de les laisser passer sans les regarder, sans m’y attacher, sans leur donner de l’importance, sans me préoccuper du fait qu’il ait beaucoup ou peu de pensées. Simplement être là. Lorsque je sens le silence s’installer en moi, je peux me rendre présent au Seigneur, ou plutôt laisser mon cœur s’éveiller à sa présence, Lui qui désire tant me rencontrer.
« Prends-moi, Seigneur
Dans la richesse divine de ton silence,
Plénitude capable
De tout combler en mon âme.
Fais taire en moi Ce qui n’est pas Toi,
Ce qui n’est pas Ta présence
Toute pure
Toute solitaire
Toute paisible.
Impose silence à mes désirs,
À mes caprices,
À mes rêves d’évasion,
À la violence de mes passions.
Couvre, par Ton silence,
La voix de mes revendications
De mes plaintes.
Imprègne de Ton silence
Ma nature trop impatiente de parler
Trop portée à l’action extérieure et bruyante.
Impose même Ton silence à ma prière
Pour qu’elle soit élan vers Toi
Fais descendre ton silence jusqu’au fond de mon être,
Et fais remonter ce silence vers Toi En hommage d’amour. »
Saint Jean de la Croix (1542–1591), carme