« Chez moi, c’est une guerre qui se cache et c’est peut être pire »
Équipe France
« Prions pour que le cri de tant de migrants victimes de trafics criminels soit entendu et pris en compte » :
pour tenir dans la prière à cette intention tout au long de ce mois, la lecture du témoignage de Mohammed peut nous ouvrir le cœur, changer notre regard. Entrer ainsi en contact direct avec une personne, c’est déjà lui ouvrir une porte. Ouvrir la porte, c’est déjà prier.
« Je m’appelle Mohammed, je viens de Tchétchénie. Je suis marié et j’ai deux garçons. J’ai 26 ans et ma femme, 23 ans. Nous sommes arrivés en France il y a 5 ans. Je n’ai jamais eu le droit d’asile et pourtant je suis allé deux fois à l’Ofpra* et deux fois à la Cour d’appel.
Dans mon pays, je travaillais avec mon père dans un commerce de vêtements et la vie était assez facile. Sauf que, là-bas, bien sûr ce n’est pas la vraie guerre. Mais c’est une guerre qui se cache et peut-être que c’est pire. Tu peux partir le matin travailler et ne jamais revenir.
La police m’a arrêté parce que je connaissais des personnes que les policiers soupçonnaient. J’ai été torturé et j’ai dû signer que j’allais espionner ces personnes. Après, on ne m’a plus jamais laissé tranquille. Mon frère a été aussi enlevé. Aujourd’hui, il a disparu.
Mon père m’a dit de partir. Nous sommes partis par la Russie, la Pologne, l’Allemagne. On roulait de nuit dans un camion et on changeait de camion de nuit. J’étais avec ma femme et mon petit garçon.
En France, très vite j’ai fait du bénévolat pour entraîner les enfants au football car je joue très bien chez moi. Beaucoup de gens, autour de nous, nous ont aidés pour trouver un logement, pour manger. Mon second fils est né en France. Les deux enfants vont à l’école et parlent français.
Parfois, je suis si découragé que je voudrais rentrer chez moi. Mais mon père me dit : « Non, ne reviens pas, ici c’est de plus en plus grave, tu es en danger». Ils ont menacé mon père pour me retrouver. Je vais encore tenter ma régularisation puisque je suis là depuis 5 ans, pour pouvoir vivre et travailler ici normalement mais je n’oublierai jamais mon pays. »
Témoignage recueilli par la délégation du Secours catholique Ariège Garonne dans le cadre d’une sensibilisation du public lors de la Journée des migrants.
Mariette, pour le Secours catholique Ariège-Garonne
*Office français de protection des réfugiés et apatrides
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