Dans une petite barque avec Lui…
Équipe FranceQuand nous nous faisons proches par la prière des
« personnes qui travaillent et vivent du monde de la mer, parmi eux les marins, les pêcheurs et leur famille. »
nous avons du mal à visualiser leurs réalités. Pourtant la Parole de Dieu nous les rend familiers. Entrons dans cet itinéraire pour, à notre tour, avancer en « eau profonde » à la suite de Jésus.
Les Israélites de l’Ancien Testament ne sont pas des marins. La mer est pour eux une menace. Peu à peu les choses évoluent : Jonas s’embarque pour fuir l’appel du Seigneur. Il traverse la Méditerranée. Plus tard, Saint Paul parcourt la mer pour annoncer la résurrection du Christ aux païens.
Dans l’Évangile, Jésus et ses disciples s’embarquent plusieurs fois sur la Mer (le Lac) de Galilée. Des épisodes importants y sont vécus : la tempête apaisée (Mt 8,23-27), la marche sur les eaux de Jésus et de Pierre (Mt 14,22-33), la pêche miraculeuse (Jn 21,1-14). Pour notre itinéraire, nous prendrons l’épisode de l’appel des premiers disciples dans saint Luc (5,1-11).
Brasse 1. (Nous sommes sur l’eau!) – Enseignement

Or, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Lc 5, 1-3
À cause des guérisons opérées par Jésus, les foules se pressent pour l’écouter. Il est au bord du lac. Quelque chose ne lui convient sans doute pas et il demande à monter dans une barque qui appartient à un certain Simon dont il a guéri la belle-mère. De la barque il enseigne la foule.
Nous ne savons pas ce que Jésus a dit, saint Luc ne le rapporte pas. Ce qu’il nous montre, c’est le changement opéré par Jésus. Il est monté dans une petite barque et s’est éloigné un peu de la terre.
Je me laisse toucher par ce déplacement. L’enseignement se terminerait-il ainsi alors qu’il a à peine commencé ? Non. Il va se poursuivre non pas en discours mais en actes.
Jésus m’inviterait-il à me déplacer moi aussi ? À monter dans une petite barque avec lui pour vivre une aventure ? Que celui qui entend accroche son gilet de sécurité !
Brasse 2. « Avance en eau profonde et lâchez les filets »

Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. Lc 5,4-7
Ce n’est plus Pierre qui pilote la barque mais Jésus. Il donne des ordres, comme s’il était un professionnel.
Nous comprenons à l’intime qu’il ne s’agit pas seulement de pêche. Jésus nous emmène loin, en eau profonde, là où nous avons peiné sans succès, sur le lieu de nos échecs !
Notons sa manière de parler : il alterne le singulier et le pluriel. « Avance » puis « jetez ». Et Simon répond de la même manière : « nous avons peiné… je vais lâcher les filets ». Cette aventure individuelle est aussi collective. Simon n’est pas seul. S’il l’était, la demande serait impossible. Sa réponse à Jésus est cependant personnelle : « je vais… »
La suite est tout au pluriel. Face à l’abondance, il faut de l’aide. La pêche miraculeuse n’est pas le succès de Simon ; mais l’œuvre de Jésus. Il vient de pêcher un gros poisson !
Cette aventure serait-t-elle aussi pour moi, avec les gens qui sont avec moi ?
Brasse 3. L’annonce d’une vie féconde

A cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. Lc 5,8-11
Parce que Jésus est tout proche, Simon-Pierre (il change de nom!) mesure la distance qui le sépare de Jésus. Il perçoit sa grandeur et sa fragilité à lui. Il est une « petite barque ». Il entre dans une connaissance « profonde » de lui-même et il en est effrayé, comme ses compagnons.
Jésus le rassure et à travers lui les rassure. Et voici que ceux qui sont avec Pierre ont des noms : Jacques et Jean. Ils existent pour eux-mêmes. À nouveau le singulier et le pluriel se conjuguent, figure de l’Église à venir. Pierre et ses compagnons laissent leurs barques… et s’embarquent à la suite de Jésus !
Je parle avec Jésus de l’abondance de mon cœur.
P. Daniel Régent sj, Directeur national