Des chrétiens qui aspirent à vivre autrement en Église
Claire Jeanpierre, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
L’Église est en marche grâce en particulier à la démarche synodale qui porte déjà des fruits ; des chrétiens réfléchissent, prient, proposent, espèrent…
Sur l’ensemble paroissial de la Saudrune (Haute-Garonne), une dizaine d’équipes s’étaient constituées en décembre 2021 pour réfléchir aux thèmes proposés dans le cadre du Synode « Pour une Église synodale, communion, participation, mission ». Elles s’étaient mises en route, guidées par l’Esprit saint et à l’écoute de la Parole de Dieu. La relecture par ces équipes de ce qui a déjà été vécu invite à ne pas s’arrêter là mais à poursuivre le chemin.
Des équipes ont accueilli des personnes en recherche ou d’autres ayant pris une certaine distance avec la communauté paroissiale. Cette diversité a été une vraie richesse pour les échanges.
Tandis qu’un autre groupe a réuni des personnes engagées auprès des migrants. Dans ce dernier, chacun a pu exprimer ce qu’il avait sur le cœur sur la gouvernance de l’Église. L’effort a porté sur l’identification de ce qui fait problème pour tous les participants, et le groupe a formulé trois préconisations principales : la participation de l’ensemble du Peuple de Dieu (plus grande place aux laïcs) à tous les niveaux de l’Église, avec la participation des laïcs aux différents conseils ; l’accueil de tous les chercheurs de Dieu dans l’Église ; et une « réécriture » du langage liturgique, dans le sens d’une plus grande simplicité pour être accessible à tous.
Des déceptions et des joies
Beaucoup ont regretté que la parole des jeunes, très absents de cette première étape, n’ait pas pu vraiment être prise en compte. Ils ont beaucoup à dire au monde. « Nous nous interrogeons aussi sur la place que nous faisons aux plus petits ou aux plus éloignés de nos communautés. Le synode veut dire ‘marcher ensemble’ avec le Christ, nous ne pouvons nous contenter de marcher à quelques-uns en ignorant ceux qui ont du mal à se mettre en route. Cela ne veut pas dire que nous puissions marcher tous au même pas ; nous sentons bien qu’il est essentiel de respecter le rythme de chacun ! »
L’expérience de fraternité vécue grâce à l’écoute bienveillante, à la liberté de parole et au ciment de la prière et du partage de la Parole, a marqué tous les participants. Une expérience aussi de la puissance de l’Esprit lorsque celui-ci est convoqué dans nos assemblées : « Nous avons senti une force, celle nous le croyons de l’Esprit saint qui nous a donné force et joie pour chercher ensemble des chemins pour porter l’Évangile dans ce monde et faire vivre nos communautés. Lorsque nous nous mettons sous le regard de l’Esprit Saint, nos attentes, nos blessures, nos frustrations, nos joies prennent un relief nouveau. » D’autres ont ainsi témoigné du travail qui a creusé leurs cœurs : « […] Il est enthousiasmant de penser que cette démarche internationale, grâce à l’Esprit Saint, peut nous unir au monde, avoir une dimension qui dépasse le temps d’aujourd’hui, et nous inciter à creuser l’humilité dans le tréfonds de nos cœurs. »
Ces participants portent une espérance qui s’est renouvelée dans ces rencontres : « Je me rends compte que rien n’est vain. Que l’on peut affirmer sa foi au sein de sa famille, d’un cercle d’amis ou à quiconque lorsque nous sommes en mission, cela ne resta pas indifférent. Semons, semons… l’Église récoltera ; demandons à l’Esprit Saint de nous donner l’audace et la persévérance. […] », ou encore : « […] Je la veux belle notre Église, et les rudes secousses que nous avons vécues avec le rapport de la Ciase nous l’ont tellement blessée. Je prie le Seigneur que ce grand mouvement de notre Église universelle nous permette d’offrir au monde un autre visage, celui de l’Amour de Dieu qui se répand dans le monde.»
Le peuple de Dieu a soif d’une nouvelle manière de vivre en Église
Cette expérience a creusé des attentes. Nous sentons que les chrétiens ont soif de fraternité et de rencontres, soif de vivre dans des communautés où l’on s’accueille, où l’on s’écoute sans jugement, où la parole de chacun peut être prise en compte, même celle des enfants et des jeunes. Cette manière de vivre en Église est un défi pour chacun.
« Nous espérons que les groupes vont continuer à se rassembler pour être aussi force de proposition pour la paroisse en associant le plus de nouvelles personnes possibles. Des idées ont germé qui demandent à être creusées, validées, expérimentées ! » « Nous faisons confiance à l’Esprit saint qui est le maitre de ce synode et qui nous réserve sans cesse des surprises si nous nous mettons réellement à son écoute. »
C’est un appel pressant pour notre Église et pour le monde !
Propos recueillis par Claire Jeanpierre, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Je ne ressens pas assez, dans notre communauté, ce lien avec l’Eglise Universelle. Nos intérêts sont trop franco-français, trop diocésains. J’aimerais par exemple entendre les témoignages de nos Petites Sœurs des Pauvres qui viennent d’horizons divers, ou des vécus de résidents, etc. L’Eglise universelle est si riche et si diverse !
Mathieu, résident d’une EHPAD