Des lieux innovants pour une vie partagée
Aynard et Gabrielle de Chevron Villette, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Le Village de François(1) propose des lieux de vie partagés entre personnes fragiles, familles et célibataires, vivant dans des colocations solidaires. L’association veut contribuer à l’émergence d’une société plus juste et plus humaine en développant des modes de vie autour du vivre-ensemble, de l’activité économique et de l’écologie intégrale. Le premier Village de François s’est installé au sein de l’abbaye Sainte Marie du Désert (Haute-Garonne), récemment quittée par les moines cisterciens trappistes. Après plusieurs mois de travaux et de chantiers collectifs bénévoles, l’abbaye s’apprête à accueillir des premières colocations solidaires fin 2021.
Aynard et Gabrielle de Chevron Villette, et leurs trois enfants (5 ans, 3 ans et 1 mois), sont installés au Village de François depuis novembre 2020. Ancien consultant en restructuration, Aynard a changé de métier pour s’occuper des activités économiques de l’abbaye. Suite à une reconversion il y a deux ans, Gabrielle est professeur d’histoire géographie.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?
Notre engagement au sein du Village de François est le fruit d’un long cheminement que nous mûrissons depuis nos fiançailles. Lorsque nous nous sommes mariés en 2014, nous avions à cœur de prendre au sérieux la dimension missionnaire du mariage : nous souhaitions que notre couple rayonne et donne à voir un peu de l’amour de Dieu pour chacun.
L’idée de donner quelques années de notre vie au service des plus démunis a fait son chemin. Il y a deux ans, nous avons frappé à la porte de différentes associations chrétiennes. Pour diverses raisons, de nombreuses portes se sont fermées. Après plusieurs mois de recherche, nous commencions à être un peu déroutés et découragés. Le Seigneur voulait sans doute prendre le temps de préparer notre cœur à accueillir son projet pour nous, projet qui n’était pas exactement celui que nous avions imaginé dans notre coin !
Dans ce projet, nous avons d’abord été séduits par le fait de vivre auprès de personnes fragiles : vivre avec, être une humble présence, toute simple… Nous vivons aussi cette expérience comme une occasion de vivre une conversion écologique plus radicale, en renouant avec l’essentiel et en vivant en pleine nature. Ce lien entre dimension sociale, économique et écologique nous a semblé innovant, prophétique, et tout à fait en phase avec les inspirations du Pape François dans son encyclique Laudato Si – car « tout est lié » !
Vivre plus simplement, c’est vivre avec moins, mais pas seulement avec moins d’argent…
Comment vivez-vous cette dimension de sobriété, d’une vie simple?
Pour être honnêtes, nous sommes encore loin de l’idéal de sobriété. Idéal qui nous attire mais nous fait encore un peu peur ! Il est certain que nous nous sommes engagés dans une forme de conversion écologique qui s’accompagne d’une recherche de simplicité. La lecture de témoignages chrétiens de conversions écologiques et de l’encyclique Laudato Si nous ont fait prendre conscience de l’urgence de changer de mode de vie et de la nécessité d’agir à l’échelle individuelle.
Vivre plus simplement, c’est vivre avec moins, mais pas seulement avec moins d’argent chaque mois. Les deux citadins que nous sommes avions l’habitude de vivre dans une certaine abondance : abondance de rencontres amicales et professionnelles, abondance d’informations, abondance d’offre de consommation… À Sainte Marie du Désert, nous sommes à 15 minutes du premier commerce (fini les deliveroo !) et assez loin géographiquement de nos racines familiales et amicales : un changement radical ! Nos loisirs, nos relations sociales sont plus simples mais n’en sont pas moins riches, bien au contraire, et sont connectées à l’essentiel. Nous avons par exemple découvert la joie d’entretenir un potager avec nos enfants.
Nous rencontrons des personnes extraordinaires (bénévoles, personnes de passage, autres familles vivant à l’abbaye) avec qui nous partageons la joie de contribuer à la construction d’un beau projet sous le regard de Dieu.
Est-ce un projet de jeunes ?
Le Village de François est davantage « un projet jeune », avec les forces et les faiblesses que cela implique, qu’un « projet de jeunes ». C’est un projet jeune au sens de nouveau, mais aussi au sens d’audacieux, pour ne pas dire un peu fou!
Il y a encore beaucoup à construire, c’est à la fois enthousiasmant et engageant. En tant que premiers habitants d’un Village de François, notre rôle est aussi de contribuer à mettre en place et à respecter les règles qui constitueront le cadre essentiel de la vie commune. C’est dans ce cadre déjà mis en place que les colocations solidaires pourront se mettre en place le plus sereinement possible.
En revanche le projet n’attire pas seulement que des jeunes : nous sommes appelés chaque semaine par des retraités, emballés par le projet, dont certains donnent de leur temps pour nous aider de façon très simple.
Rassembler les visages de notre Église, un projet prophétique
Un projet prophétique pour notre Église ?
Oui, c’est ce qui nous y a attiré ! Le fait d’accueillir des personnes de tous horizons, avec des fragilités visibles ou non, est un moyen de rassembler plusieurs visages de notre Église, qui vivent souvent de manière cloisonnée. L’Église du Christ, telle qu’elle est aujourd’hui et telle qu’elle sera à la fin des temps, ne se limite pas à nos assemblées paroissiales. Le projet du Village de François s’inscrit aussi dans la lignée des inspirations du Pape, notamment dans le cadre de ses encycliques Laudato Si et Fratelli Tutti. Enfin, c’est un projet qui interpelle beaucoup de personnes, chrétiennes ou non.
Nous espérons que le Village de François puisse être un lieu missionnaire permettant à beaucoup de personnes d’être touchées par la grâce de Dieu.
Aynard et Gabrielle de Chevron Villette, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Pour en savoir plus sur le Village de François, un site et une vidéo.