Devenons missionnaires par la prière
Marie Dominique Corthier, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
En ce mois d’octobre où le Pape François nous invite à prier pour que chaque baptisé soit impliqué dans l’évangélisation et disponible pour la mission, nous nous souvenons que l’intuition initiale de l’Apostolat de la prière (aujourd’hui Réseau Mondial de Prière du Pape) a été de proposer à tous les chrétiens de devenir missionnaires par la prière, simplement en offrant leur journée.
Cette intuition prend sa source dans une maison de formation jésuite : le 3 décembre 1844, lors de la fête de saint François Xavier, un des formateurs invite les jeunes scolastiques à être missionnaires, non pas en partant au loin, mais par la simple offrande à Dieu de tout ce qu’ils font, et en particulier leurs études.
« En leur proposant de pratiquer ce qu’il appela « un apostolat de la prière », il leur fit comprendre qu’une chose dépassait en importance ce qu’ils faisaient, à savoir l’amour et le dévouement mis à le faire. Ce qui comptait n’était pas de faire beaucoup, mais d’aimer beaucoup. » (Document de Recréation de l’Apostolat de la prière)
Deux saints patrons pour le Réseau Mondial de Prière du Pape
Et c’est bien ce qu’ont vécu les deux saints patrons du Réseau Mondial de Prière du Pape, François Xavier et Thérèse de l’Enfant Jésus : à des époques différentes et par des manières de vivre très différentes également, ils se sont laissés guider par l’Amour de Jésus, pour porter la mission avec Lui.
François Xavier tout d’abord… parti au bout du monde, au XVIème siècle, pour apporter l’Évangile en Inde, au Japon et jusqu’aux portes de la Chine, avec une flamme à nulle autre pareille ! Sa prière était une brûlure du cœur, le poussant à partager aux autres cet Amour qui le faisait vivre.
C’est ainsi qu’il écrivait ces mots à Ignace de Loyola (15 janvier 1544) : « Des foules ici manquent de devenir chrétiennes, faute d’hommes qui se consacrent à la tâche de les instruire. Bien souvent il me prend envie de descendre vers les universités catholiques d’Europe, spécialement celle de Paris, et de crier à pleine voix, comme un homme qui a perdu le jugement, à ceux qui ont plus de science que de désir de l’employer avec profit : Combien d’âmes manquent la gloire du ciel (…) à cause de votre négligence.»
A une époque plus récente, Thérèse de l’Enfant Jésus a vécu la mission d’une manière tout aussi passionnée, mais en restant cloîtrée dans son carmel de Lisieux ; pourtant l’Église l’a déclarée patronne des missions, avec François Xavier. Il y a là comme un secret, dont elle nous révèle le sens à travers ces paroles : « Ne pouvant pas être missionnaire par l’action, j’ai voulu l’être par l’amour et par la pénitence. » Rappelons qu’elle s’était engagée à 12 ans dans l’Apostolat de la Prière, dont ses parents étaient membres ; elle a donc appris très jeune une manière missionnaire de prier.
Elle relate dans son autobiographie plusieurs épisodes qui nous montrent comment elle vivait la mission. Ainsi, quelques mois avant sa mort, alors qu’il lui était fortement recommandé de se reposer, elle arpentait le cloître du carmel, en disant : « Je marche pour un missionnaire » ! L’amour qu’elle mettait dans ce geste était sa participation active à la mission.
Une mission de compassion pour le monde
François Xavier… Thérèse de l’Enfant Jésus… Deux manières d’être missionnaires, mais une même source : celle de l’Amour, amour de Jésus et amour de leurs frères.
A leur suite, chacun de nous est invité aujourd’hui à trouver sa propre manière de porter la mission avec Jésus. Le Réseau Mondial de Prière du Pape « nous confie une mission de compassion pour le monde. Il s’agit de regarder l’humanité comme Lui, et d’agir avec les sentiments du Cœur de Jésus. (…) Nous participons à sa mission en faisant nôtres la compassion et l’attention à tous nos frères et sœurs. » (Le Chemin du Cœur – Étape 8)
Cette compassion se vit en prenant dans sa prière les défis de l’humanité et de la mission de l’Église proposés chaque mois par le Pape. Pour cela, il n’est pas nécessaire de partir au bout du monde : il suffit d’offrir sa journée pour vivre la mission sur son lieu de travail, dans sa cuisine ou son salon, sur son lit d’hôpital, et même dans la cellule d’une prison, avec par exemple les mots de cette prière d’offrande :
Père très bon, en ce jour nouveau, me voici devant Toi.
Unis mon cœur au Cœur de ton fils Jésus qui s’offre pour moi dans l’Eucharistie.
Que l’Esprit Saint fasse de moi son ami et apôtre par la prière, disponible à sa mission.
En communion avec Marie, mère de l’Église et notre mère,
avec mes frères et sœurs du Réseau Mondial de Prière,
je t’offre ma journée, ses joies et ses peines,
pour la mission de l’Église et l’intention donnée ce mois-ci par le Pape.
Le cœur de la mission, c’est la prière – Pape François, Rome, le 28 juin 2019.
Marie Dominique Corthier, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France