Dieu les attend à l’escale
Équipe France
Guy Pasquier, Prêtre de la Mission de France, aujourd’hui aumônier du port du Havre, témoigne pour nous de sa mission pour nous aider à prier
« pour les personnes qui travaillent et vivent du monde de la mer, parmi eux les marins, les pêcheurs et leur famille. »
A la demande de l’Église de France et de la Mission de la Mer, Guy Pasquier a effectué une partie de sa carrière professionnelle (14 ans) comme marin : prêtre navigant et électricien sur des cargos, gaziers, pétroliers et porte-conteneurs. Lors de sa retraite en 2007, il est devenu Aumônier national de la Mission de la mer. Aujourd’hui, il poursuit sa mission comme Aumônier du port du Havre.
Comme tous les marins, il a vécu au rythme des contrats et dans la grande complexité de ce monde maritime international aux équipages mélangés (Indiens, Philippins, Africains, Chiliens, Bulgares, Russes, Roumains… et très peu de Français), fournis par une compagnie, alors que le bateau est géré par un armateur, dont il est propriétaire ou locataire, navigant sous un pavillon d’immatriculation n’ayant pas toujours de lien avec le pays d’origine. Cette expérience vécue lui a permis de mesurer combien dans ce secteur stratégique pour le commerce international -qui n’obéit qu’à la loi du marché- les marins ne pèsent pas bien lourds –parfois moins que la cargaison-.
Aujourd’hui, s’il monte à bord, c’est au cours des escales dans le port du Havre. La règlementation le lui permet grâce à son titre d’aumônier. Il s’y rend sans aucun prosélytisme. Les marins savent trouver en lui, aumônier œcuménique, ancien marin, un « veilleur à l’écoute », avec lequel ils peuvent avoir un échange en vérité. Il est « cette oreille favorable et reconnue » à laquelle ils peuvent se dire en confiance. Il est celui à qui ils peuvent demander une aide, un conseil, un sacrement ou bien d’être bénis sur le lieu de leur travail, comme l’ont demandé récemment deux marins, l’un philippin et l’autre indien. Pour eux, qui pour la plupart ne peuvent descendre à terre tant l’escale est brève (« time is money ! »), c’est une marque de respect et de reconnaissance… Présence du Seigneur qui vient jusqu’à eux.
Fin mars, il a célébré la messe de Pâques par anticipation, pour un bateau battant pavillon allemand et à l’équipage philippin partant pour une longue période… mais cela lui arrive rarement.
Il est plus souvent sollicité pour bénir le bateau, lors de son inauguration officielle, comme pour un baptême. La veille, il rencontre l’équipage pour une bénédiction et un bon moment de fraternité, car le jour J, il a juste quelques minutes au milieu des personnalités pour officier.
Dans la vie exigeante des marins, avec la dureté de leur métier, la longueur de leurs contrats (9 mois, voire davantage sans rentrer dans leur foyer), la frustration de leur séparation avec les personnes aimées, l’absence ou la difficulté -selon les bateaux- à communiquer avec elles, l’aumônier est celui qui, à terre, lors des escales, permet aux marins de rester humains.
Cette mission l’aide à vivre, à prier. Désormais, il prépare la relève grâce à une communauté de religieuses chinoises souhaitant être présence d’Église multiforme au milieu du monde au Havre. Avec l’assentiment de l’Evêque, l’une d’elles commence à visiter les bateaux avec lui. La mission continue…
Propos recueillis par Marie-Claire, Equipe France
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