Donner aux entrepreneurs les moyens de s’engager
Jean-Éric Florin et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
En 2005, j’ai 41 ans. Je ne me reconnais plus dans les pratiques de l’entreprise pour laquelle je travaille. Une amie de la Communauté Vie Chrétienne (CVX) me parle d’un poste créé à Toulouse dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, dont j’ignore presque tout. Cela correspond à mes compétences, le projet me plait, mes compagnons de CVX m’aident à me décider. Je suis embauché au sein du groupe associatif France Active(1).
Face au scandale du chômage de masse des années 80, le mouvement France Active est créé pour permettre à des personnes exclues du marché de l’emploi de bâtir leur propre activité. Puis, face aux dérives de la financiarisation à outrance de l’économie, il développe l’épargne solidaire : des personnes soucieuses de l’utilisation de leur argent choisissent de nous confier leur épargne. Ces sommes sont investies dans des entreprises à but social et solidaire.
Aujourd’hui, notre mobilisation doit s’accentuer face aux désordres environnementaux qui menacent l’avenir de notre planète. Notre but est que l’économie et l’entreprise participent à une transformation de la société pour plus de justice, de responsabilité, de solidarité.Concrètement, nous voulons donner les moyens d’agir à des entrepreneurs qui s’engagent pour créer de l’emploi, pour plus de justice sociale, pour les territoires.Pour cela, nous nous portons caution auprès des banques pour qu’elles financent des projets qui ne rentrent pas dans leur cadre habituel ; nous réalisons des prêts solidaires, nous conseillons et accompagnons les entrepreneurs. Nous mobilisons des salariés, des citoyens, des élus…
Ce qui compte, c’est d’encourager l’engagement d’une femme, d’un homme, d’un collectif, pour apporter une solution concrète pour le monde dans lequel nous vivons.
Peu importe la taille du projet, qu’il crée 1 ou 50 emplois. Ce qui compte, c’est d’encourager l’engagement d’une femme, d’un homme, d’un collectif, pour apporter une solution concrète pour le monde dans lequel nous vivons.
Mais qui sont ces entrepreneurs qui s’engagent ? Ils ont été 30 000(2) en 2020 à avoir été soutenus par le Mouvement France Active. Ainsi, dans un petit village, une entrepreneuse redonne vie à la boulangerie fermée il y a 40 ans. Elle utilise des variétés anciennes de blés cultivées en bio. En Ariège, une autre crée une entreprise d’insertion dans le domaine du numérique, avec 10 salariés. Une autre encore, une coopérative pour développer la consigne du verre et éviter le gâchis. Un entrepreneur dirige une entreprise de services à l’industrie dont plus de 80% des 1 000 salariés sont en situation de handicap. D’autres lancent une coopérative pour relancer l’exploitation des lignes ferroviaires secondaires.
Ces entrepreneurs qui agissent pour changer leur propre vie ou le monde qui les entoure, font souvent écho à mon propre engagement de foi. Ils m’éclairent : ils transforment leurs convictions en actions concrètes. « Si quelqu’un, ayant largement de quoi vivre, voit son frère dans le besoin mais lui ferme son cœur, comment peut-il prétendre qu’il aime Dieu ? » (1 Jn 3,17).
Mes collègues, souvent jeunes et pleins de compétences, choisissent de s’engager dans ce projet associatif en délaissant des carrières plus « brillantes » et beaucoup mieux rémunérées. C’est une grande source d’espérance pour moi. Je rends grâce à Dieu pour les trésors qu’il met dans le cœur des hommes et des femmes de bonne volonté.
Jean-Éric Florin

Des exemples d’entreprises accompagnées et soutenues par France Active : Digitanie, dsi-ap, RailCoop, Consign Up