Donner sa vie- Le don de soi dans la Bible
Jean-Marie Dezon, Equipe France« Recevant les dons que Dieu lui fait, l’homme est appelé à son tour à pratiquer le don ; il devient capable d’une générosité authentique.» Cette phrase, que faut-il en comprendre ? Qu’en dit la Bible ? Comment cela se traduit-il concrètement dans notre vie quotidienne ? Entrons dans un itinéraire spirituel.
La Bible affirme en de nombreux endroits que les dons accueillis par les hommes, tout comme la capacité à donner ou à se donner, sont d’abord l’initiative même de Dieu. C’est, par exemple, ce qu’affirme saint Jacques dans son épître : Tout don de valeur et tout cadeau parfait descendent d’en haut, du Père des lumières. (Jc 1,17). Recevant les dons que Dieu lui fait, l’homme est appelé à son tour à pratiquer le don ; il devient capable d’une générosité authentique.
En reconnaissance pour les dons qu’Il lui accorde, Israël offre à son Seigneur prémices, dîmes et sacrifices. Les offrandes à Dieu se situent dans une perspective de réciprocité. (Siracide 35,12-13 : Donne au Très-Haut à la mesure de ses dons, avec la générosité que te permettent tes moyens. Car le Seigneur paie de retour et il te le rendra au septuple).
C’est dans cette même perspective que le don est compris le plus souvent entre individus, familles ou peuples. En donnant, on manifeste la hésed, cette bienveillance et bienfaisance qui sont de règle. Mais les dons qui viseraient à corrompre sont sévèrement exclus (Ex 23,8 ; Is 5,23). De plus, à une générosité très réelle l’Ancien Testament se soucie d’allier une raisonnable prudence.
Le Nouveau Testament n’a, quant à lui, d’autre souci que de mettre en pleine lumière la folle générosité de Dieu manifestée en Jésus-Christ, bouleversant ainsi les perspectives humaines.
En sa vie même, par sa mort et sa résurrection, le Christ instaure vraiment le temps du don. Le sacrifice du Christ est tout à la fois don de Dieu à l’humanité, et don de l’humanité à Dieu. Désormais, par le baptême dans la mort et la résurrection du Fils, les hommes peuvent s’unir à cet unique et parfait sacrifice en se présentant eux-mêmes à Dieu, en se mettant à sa disposition pour le service des autres. En effet, la grâce de Dieu ne se reçoit pas comme un cadeau sur lequel on pourrait se refermer : elle est au contraire appelée à fructifier. Ainsi le mouvement du don aux autres prend ampleur et densité, et s’oppose à la convoitise qui doit être combattue. Le don de soi, fruit de l’amour qui vient de Dieu, réalise l’union dans l’amour et peut être source d’une ineffable joie. Car, comme l’affirme l’Apôtre, il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (Ac 20,35).
Jean-Marie Dezon, Prêtre du diocèse de Gap
Equipe France
1er pas : Le don de Dieu est premier

‟En toute occasion, bénis le Seigneur ton Dieu et demande-lui de rendre droits tes chemins et de faire aboutir toutes tes démarches et tous tes projets, car aucun peuple ne détient la perspicacité, mais c’est le Seigneur lui-même qui donne tout bien.” Tobit 4,19
Le vieux Tobit, accablé de peines, donne à son fils Tobias qui part pour un long voyage non sans risques, de nombreux conseils paternels. Occasion pour l’auteur biblique de réaffirmer l’initiative de Dieu à l’origine de tout don. En conséquence, l’homme se tromperait s’il prétendait que sa générosité précède la grâce de Dieu ?
La prière est-elle pour moi un lieu d’accueil des appels du Seigneur ? La prière me rend-elle plus sensible et disponible aux besoins de mes frères ? Est-elle pour moi lieu de lumière et de paix, où je peux demander à Dieu la grâce de me donner toujours d’avantage ?
2ème pas : Contempler le Christ, qui donne sa vie

‟Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon, pour la multitude.” Matthieu 20, 28
Dans sa fidélité à l’amour qui l’unit au Père, Jésus réalise le don complet de lui-même : il « donne sa vie pour la multitude » ; il donne « sa chair pour la vie du monde » (Jn 6,32-51) ; il donne l’Esprit, « don de Dieu » par excellence.
Le Christ et son Évangile sont-ils pour moi la source du don de ma vie aux autres, la source du service de mes frères auquel je suis appelé ? Quels sont, en moi et autour de moi, les obstacles au don de ma vie, par amour ? Quels moyens ai-je à mettre en œuvre pour vaincre ces obstacles ?
3ème pas : Donner notre vie pour nos frères

‟C’est à ceci que désormais nous connaissons l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous ; nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères.” 1 Jean 3, 16
Jésus engage ceux qui désirent marcher à sa suite à l’imiter dans le don total de sa vie. Par sa parole et par ses actes, il nous redit en effet qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie ; son Esprit vient nous guider et nous entraîner sur ces chemins du don.
De quelle manière est-ce que je donne ma vie ? Quelles sont mes réticences à me donner ? Mes lenteurs pour rejoindre mes frères ? A quel(s) appel(s) à plus de fraternité ai-je besoin de m’ouvrir encore plus ?
Jean-Marie Dezon, Prêtre du diocèse de Gap
Equipe France