Marie-Cécile est psychothérapeute. Elle accompagne de nombreuses personnes qui souffrent de dépression. Elle nous livre ici les ressorts de son accompagnement et comment sa foi en Christ peut être source de force et d’espérance.

La plupart des personnes qui viennent me rencontrer vivent une période dépressive plus ou moins importante. Les causes sont multiples, avec presque toujours à la base un passé, une enfance difficile les empêchant de faire face à une situation actuelle problématique.

Accompagner une personne souffrant de dépression, c´est pour moi d’abord accepter de me laisser toucher par elle, accepter que sa souffrance réveille ma part d´ombre à moi. Cette part d´ombre acceptée en moi-même me rapproche de l´autre et développe mon empathie.

Par ailleurs, en face d´une personne dépressive, je sens en moi tout ce à quoi cette personne n´a plus accès : la stabilité, l´optimisme, la joie, la lumière intérieure… Je ne peux aider quelqu´un à retrouver la lumière en elle que si je connais cette lumière en moi. Si je m´y connecte, j´ai l´impression qu´elle se communique, même au-delà des mots.

L´accompagnement d´une personne dépressive est donc un accompagnement à deux niveaux : écouter et comprendre la souffrance et les motifs de cette souffrance, et parallèlement guider vers plus de lumière, d´assurance de soi, de confiance.

« Accepter que l´on ne peut souvent qu’accompagner sur un bout du chemin. »

Les défis sont nombreux : ne pas me laisser trop atteindre par la souffrance – je dois pouvoir garder une certaine distance si je veux aider l´autre – ; rester vigilante, par exemple quand la personne à des pensées suicidaires et qu´un séjour à l´hôpital est incontournable ; accepter que l´on ne peut, bien souvent, « qu´ » accompagner sur un bout de chemin, sachant que les blessures du passé sont parfois trop profondes pour être guéries.

« Je ne peux que prier pour remettre leur vie dans les mains de Dieu. »

Il y a d´ailleurs des moments où je suis en colère, contre le monde, contre Dieu même, parce que je ne comprends pas que cette souffrance puisse exister, que des êtres humains soient ainsi cassés de l´intérieur et qu´ils le resteront peut-être toute leur vie !

Je ne peux, dans ces moments-là, que prier pour mieux comprendre, accepter l´inacceptable, et remettre dans les mains de Dieu la vie de celles et ceux qui croisent mon chemin et que je ne peux peut-être pas assez aider, afin qu´Il leur donne un peu de Sa lumière et les guide dans leur vie.

Et puis évidemment il y a les moments de joie : au premier rire après une longue période sombre ; à la fin d´une thérapie quand ensemble on fait le bilan et que la personne se rend compte de tout ce qui a changé en elle et dans sa vie… Ce sont ces instants-là qui me donnent du courage pour tenir dans les moments difficiles !

Marie Cécile et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France