En Côte d’Ivoire, un chemin de renouveau pour l’Église
Père Borris Kévin Soro Gnenelara, prêtre du diocèse de Grand-Bassam, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
La paroisse Saint Jean Marie Vianney de Vridi-Cité à Port-Bouët est située dans le diocèse de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire. Comme dans les communautés catholiques du monde entier, elle a participé au synode proposé par le Pape François au printemps dernier.
L’Église de Côté d’Ivoire veut en effet grandir en maturité et contribuer toujours plus à l’enracinement de la foi dans le cœur des fidèles et veiller à son implication dans la vie de la société ivoirienne et le développement intégral de la personne humaine.
La visée du synode était de « faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, panser les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces aux mains » Pape François.
Les paroissiens de Vridi-Cité ont répondu avec beaucoup d’enthousiasme et de joie à cet appel. Les participants ont été rassemblés par catégorie d’âge – enfants, jeunes et adultes – afin de permettre à chacun de s’exprimer. Le clergé et les membres des conseils ont travaillé séparément.
Après deux semaines de recueillement et réflexion, les fidèles ont été très heureux de contribuer au renouveau de l’Église. Et la bonne entente entre prêtres et fidèles laïcs a été louée.
Quand le « marcher ensemble » se décline dans les dialectes
« Marcher ensemble », c’est s’ouvrir aux autres, s’accepter mutuellement de sorte que malgré nos différences nous portions un même regard sur les sujets qui se présentent à l’humanité. C’est se parler et s’écouter, c’est organiser ensemble des activités, c’est partager ensemble le repas, les joies et les peines des autres, c’est se mettre dans un élan de solidarité et de charité ; c’est nous unir en portant notre regard sur notre Unique Maître : Jésus-Christ.
Du mot « communion » proposé dans le titre du synode sont ressorties des notions qui évoquent le même sens du vivre ensemble : unité, partage, lien, entente, faire un… Dans notre diocèse, plusieurs langues maternelles locales déploient ainsi cette dimension. Anouanzè, en N’Zima et Baoulé, exprime l’amour sous forme d’une œuvre commune, d’une mise en commun ; a lihkô, en Godié, veut dire partager ensemble ; a fkroka, en Adjoukrou, veut dire unité.
Des symboles et paroles provenant de cultures locales matérialisent ce « marcher ensemble » : l’accolade, le n’gamonou, symbole de la main dans la main, ou encore l’expression « l’union fait la force ».
Mais ceux qui ont ainsi marché ensemble sont ceux qui sont engagés dans les groupes, mouvements et associations. Ceux qui sont en marge, non engagés dans l’Église, n’ont pas été associés à cette démarche ; c’est sans doute la plus grande faiblesse de ce que nous avons vécu.
Des perspectives pour déployer la communion
Pour une meilleure prise de conscience de la responsabilité commune au sein de notre Église locale, il est proposé de s’instruire, d’enseigner, d’exhorter, et surtout d’innover en jumelant tous les secteurs ou les paroisses pour que les grandes paroisses aident les petites ou les nouvelles paroisses.
Il faut un espace d’échanges sincères, sans faux fuyant, ainsi que des visites des responsables à leurs différents membres et réciproquement. Il faut s’affranchir des idées reçues, de l’hypocrisie, du mensonge, des commérages, et surtout éviter la formation de clans dans nos communautés ecclésiales.
Portons aussi attention à ne pas faire de nos prêtres des idoles, des gourous qui détiennent un pouvoir magique au point d’en devenir des adeptes. Il faut avoir le souci de l’équité et de la justice pour bâtir une véritable paroisse famille de Dieu où les responsabilités sont à la fois communes et partagées.
Marcher ensemble en Église, c’est vivre et déployer la communion, construire une fraternité où chacun est appelé à participer, à travailler avec les autres pour la bonne marche de l’Église. Dans ce sens, tous les chrétiens doivent collaborer aux activités paroissiales, diocésaines et nationales dans un esprit de solidarité, de partage, sans distinction sociale et ethnique.
Père Borris Kévin Soro Gnenelara, prêtre du diocèse de Grand-Bassam, et le Réseau Mondial de Prière du Pape