En Syrie, les chrétiens attendent l’instauration de la paix
A Alep, Dr Nabil Antaki
Nabil Antaki, mariste bleu, est médecin engagé auprès des plus démunis d’Alep en Syrie depuis 1986. Après le début de la guerre en 2012, il décide de rester sur place pour aider. Il y vit encore et aujourd’hui il témoigne. Que ses mots soutiennent notre prière
« Pour les communautés chrétiennes, en particulier celles qui sont persécutées, afin qu’elles sentent la proximité du Christ et que soient reconnus leurs droits. »
« Avant le début de cette guerre ignoble que nous subissons en Syrie depuis presque 8 ans, la Syrie était un pays sûr, stable, prospère et le seul état laïque de la région. Toutes les confessions étaient respectées et les chrétiens avaient tous leurs droits de citoyens à part entière (sauf celui d’être candidat à la présidence de la république, la constitution stipulant que cette charge devrait revenir à un musulman). Les chrétiens de Syrie, appartenant aux différentes églises (11 au total) catholiques, orthodoxes ou protestantes, n’étaient nullement persécutés. Ils ne le sont toujours pas en Syrie dans les 70% du territoire syrien contrôlés par le gouvernement syrien. Le président actuel du parlement syrien est un chrétien ainsi que plusieurs ministres et de nombreux parlementaires.
Les chrétiens de Syrie ont été persécutés pendant les 8 dernières années par les groupes armés rebelles constitués à 90% d’islamistes, de djihadistes et de wahhabites, souvent des étrangers à la Syrie venus de Tunisie, Maroc, Jordanie, Arabie Saoudite ou d’Europe etc. faire le djihad en Syrie.
Nombreuses sont les petites villes et villages à majorité chrétienne qui ont été encerclés, bombardés, envahis et détruits par les islamistes : Maaloula où les habitants parlent toujours l’araméen, la langue de Jésus, Sadad envahie 2 fois, Mhardé soumise à des blocus à répétition etc.
Nombreux sont les chrétiens tués par les rebelles islamistes ; deux évêques d’Alep ont été kidnappés par les terroristes islamiques il y a 5 ans et depuis, personne ne connaît leur sort. Plusieurs prêtres ont été tués, d’autres enlevés.
Les églises et autres lieux de culte chrétien ont été détruits ou endommagés à la suite des bombardements ciblés ou aléatoires des terroristes rebelles : les cathédrales -grec-catholique, maronite, syriaque catholique et grec-orthodoxe- d’Alep, le mémorial du génocide arménien de 1915 à Deir al Zor etc.
Enfin, à cause de la guerre et des persécutions des islamistes, la Syrie, berceau du christianisme, se vide de ses chrétiens. L’exode continue, même plus que durant les heures sombres de la guerre. Le Nonce Apostolique en Syrie, Mgr Zenari, a annoncé, lors d’un congrès en Hongrie, que les chrétiens ne représentent plus que 2% de la population, c’est à dire un demi-million pour une population de 23 millions de citoyens. Nous le savions, mais c’est la première fois que ce chiffre est annoncé en public. Dans ma ville, Alep, 2eme ville du pays, le nombre de chrétiens est passé de 200 000 avant la guerre à 27 000 actuellement.
Cependant, dans l’océan de ténèbres qui nous ont envahis, il est resté une lueur d’espoir, une conviction, une espérance qu’après les ténèbres, il y aura la Lumière. La foi des chrétiens s’est raffermie, leurs prières sont devenues plus ardentes et leur pratique religieuse plus assidue.
En Syrie, les chrétiens ne demandent pas tant que les droits de leurs communautés soient respectés (ils le sont déjà) mais que la fin de la guerre et l’instauration de la Paix. »
A Alep, Dr Nabil Antaki