Famille, enfance et éducation, selon la Bible
Équipe FrancePour les parents autant que pour les enfants, la famille est un lieu d’expérience qui permet de comprendre la vie pour progresser. Pour réfléchir à notre rapport à la famille, entrons dans un parcours avec la Parole de Dieu.
La Bible nous révèle en maints passages qu’Israël voit dans la fécondité un signe de la bénédiction divine : les enfants sont la couronne des vieillards (Prov. 17,6), les fils sont des plants d’olivier autour de la table (Ps. 128,3).
Pour autant, les auteurs bibliques n’oublient pas que l’enfant est un être inachevé, et soulignent l’importance d’une éducation qui n’a pas à craindre d’être ferme ; le livre des Proverbes affirme : la folie est liée au cœur des jeunes, le bâton qui les châtie les en éloignera (Prov. 22,15).
Mais l’Ancien Testament montre aussi qu’en raison même de ses faiblesse et imperfection natives, l’enfant apparaît comme un privilégié de Dieu. Le Seigneur lui-même est le protecteur de l’orphelin et le défenseur de ses droits (Ps. 68,6). Il a manifesté sa tendresse paternelle et son souci d’éducation à l’égard d’Israël quand il était enfant, au temps de la sortie d’Égypte et du séjour au désert (cf. Os. 11,1-4).
Bien plus, Dieu n’hésite pas à choisir certains enfants comme premiers bénéficiaires et messagers de sa révélation et de son salut. Le petit Samuel accueille la Parole du Seigneur et la transmet fidèlement (1 Sam. 1-3) ; David est préféré à ses frères aînés (1 Sam. 16,1-13) ; etc.
Enfin, un sommet de la prophétie messianique est la naissance de l’Emmanuel, et Isaïe salue l’enfant royal qui rétablira le droit et la justice : Un enfant nous est né, un fils nous a été donné. La souveraineté est sur ses épaules. On proclame son nom : Merveilleux – Conseiller, Dieu – Fort, Père à jamais, Prince de la paix.
Ainsi, pour inaugurer la nouvelle Alliance, le Fils de Dieu se fait petit enfant. L’évangéliste saint Luc a marqué avec soin les étapes de l’enfance parcourues par celui qui sera confessé comme Christ et Seigneur : nouveau-né de la crèche (Lc 2,12), petit enfant présenté au Temple (Lc 2,27), enfant soumis à ses parents, et pourtant mystérieusement indépendant d’eux au nom même de sa dépendance à l’égard de son Père (Lc 2,43-51).
Devenu adulte, Jésus adopte vis à vis des enfants le même comportement que Dieu. Il enseigne que le secret de la vraie grandeur est de se faire petit comme un enfant (Mat. 18,4) ; telle est la véritable humilité, sans laquelle on ne peut devenir fils du Père céleste.
Pour Jésus, les vrais disciples ont précisément à être ces tout-petits à qui le Père a bien voulu révéler ses secrets cachés aux sages (Mat. 18,5).
Pas 1 – Une enfance ordinaire

Marie accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes. Luc 2,7
Les évangiles canoniques nous disent peu de choses sur l’enfance et la jeunesse de Jésus. Saint Luc est le seul évangéliste à nous faire un récit détaillé qui manifeste en quelque sorte le contraste entre la toute-puissance divine et la simplicité des conditions dans lesquelles elle vient à s’incarner. Jésus, comme tout être humain, traverse la condition enfantine : faible, sans défenses, dépendant d’autrui et tout particulièrement de ses parents, il devient pleinement homme à travers cette expérience de l’enfance.
Quelles sont mes actions de grâce, aujourd’hui, pour la famille où j’ai reçu la vie et qui m’a permis de grandir ? Mes actions de grâces et mes espérances dans l’aujourd’hui de ma famille dont j’accompagne à mon tour la croissance ?
Pas 2 – Un déplacement pour protéger la vie

Voici que l’ange apparaît à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte : restes-y jusqu’à nouvel ordre, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr ». Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère et se retira en Egypte. Matthieu 2,13-14
Le récit de la naissance de Jésus selon l’évangéliste Matthieu est bien différent de celui de saint Luc. Matthieu met l’accent sur l’annonce faite à Joseph, « père adoptif » de Jésus, puis, juste après la naissance de l’enfant, sur la visite des Mages. Mais voici que bientôt cette vie si fragile et dépendante, se voit menacée. Les parents de Jésus sont appelés à s’en faire les protecteurs et à fuir le danger que représente Hérode. Un premier déplacement est alors nécessaire, dont on pressent qu’il n’est pas uniquement physique, mais concerne l’être tout entier des parents de Jésus qui peu à peu se mettront à l’écoute de ce que leur dit Dieu à travers leur fils.
Dans ce que vit aujourd’hui ma famille, quelles sont les menaces qui pourraient peser sur elle (divisions, éclatement, fuites dans l’activisme, etc.) ? A quel(s) « déplacement(s) » de ma part cela pourrait-il m’amener, pour protéger la vie et lui permettre de grandir ?
Pas 3 – Une fugue de Jésus, pour être aux affaires de son Père

Sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ? Vois, ton père et moi, nous te cherchons tout angoissés. » Il leur dit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Luc 2,48-50
Alors qu’il est en pèlerinage à Jérusalem, Jésus, devenu adolescent, se détache de ses parents pour suivre son propre chemin de liberté et d’obéissance à l’égard de Celui qu’il reconnaît comme son Père. Dans le même temps il fait découvrir à ses parents terrestres qu’il est temps pour eux de le laisser aller vers sa propre vocation, de le laisser entrer dans une autre relation, de le laisser aller vers lui-même et son destin qui est bien autre que celui qu’ils pensaient pouvoir lui « fabriquer ».
Tandis que, de retour à Nazareth, Jésus néanmoins continue à progresser en sagesse et à être soumis à ses parents, Marie, elle, apprend à retenir tous ces événements dans son coeur.
La famille est-elle pour moi un lieu d’éducation à la liberté de chacun de ses membres ? Est-ce que je consens à laisser grandir l’autre dans sa liberté, sans pression ni tension, mais avec confiance et espérance ? Est-ce que je sais discerner les appels de Dieu au sein de ma famille, et pour chacun de ses membres ?
P. Jean-Marie DEZON, Equipe France