Fête du Cœur de Jésus, 11 juin 2021
Frédéric Fornos sj, directeur international du Réseau Mondial de Prière du Pape
Frédéric Fornos sj, directeur international du Réseau Mondial de Prière du Pape, retrace ici l’histoire de la dévotion au Cœur de Jésus. Le « Chemin du Cœur » proposé par le Réseau est, selon les paroles du pape François, « un itinéraire de prière qui transforme la vie des personnes. Le Cœur du Christ est tellement grand qu’il désire nous accueillir tous dans la révolution de la tendresse. »
Du « cœur transpercé de Jésus » dans l’Évangile de Saint-Jean – interprété dans la mystique médiévale comme la blessure qui manifeste la profondeur de son amour – en passant par les révélations à Sainte Marguerite-Marie Alacoque au XVIIe siècle et le culte ultérieur du Sacré-Cœur au XIXe siècle, avec son inscription dans une dynamique apostolique avec l’Apostolat de la Prière, jusqu’à la Divine Miséricorde avec Sainte Faustine Kowalska au début du XXe siècle. Trois encycliques sur le Sacré-Cœur ont ainsi été écrites, la dernière ayant été signée par le Pape Pie XII en 1956 : Haurietes aquas. Tout au long de l’histoire, il y a eu diverses inculturations de cette dévotion, sous diverses formes et langages, mais toujours pour que le Père nous révèle dans toute sa profondeur le mystère de Son Amour à travers un symbole privilégié : le cœur vivant de Son Fils Ressuscité. Car « le Cœur du Christ est le centre de la miséricorde », comme le dit François.
En 2020, nous célébrons [avons célébré] le centenaire de Marguerite-Marie Alacoque, canonisée le 13 mai 1920 par le pape Benoît XV. C’est avec l’aide du père Claude La Colombière, jésuite, qu’elle a fait connaître le message que le Seigneur ressuscité lui a révélé sur la profondeur de sa miséricorde. En 1688, six ans après la mort de La Colombière, Sœur Marguerite-Marie a une vision finale dans laquelle, à travers la Vierge Marie, le Seigneur confiait aux Sœurs de la Visitation et aux Pères de la Compagnie de Jésus la tâche de transmettre à tous l’expérience et la compréhension du mystère du Sacré-Cœur. Deux cents ans plus tard, la Compagnie de Jésus a officiellement accepté cette « mission agréable » (munus suavissimum), par le décret 46 de la 23e Congrégation générale (1883) et l’a confiée ensuite, par le décret 21 de la 26 e Congrégation (1915), à l’Apostolat de la Prière.
Dès 1861, le Père Henri Ramière SJ, directeur de l’Apostolat de la Prière, avait commencé la publication du « Messager du Cœur de Jésus » et il animait un réseau de plus de 13 millions de membres. Cet Apostolat, commencé par les Jésuites, et qui est aujourd’hui connu sous le nom de Réseau Mondial de Prière du Pape, inscrit sa mission dans la dynamique du Cœur de Jésus, dans une perspective de disponibilité apostolique. Le Père Adolfo Nicolás SJ a donné une nouvelle impulsion au processus de recréation de ce service ecclésial en 2009, ce qui a conduit à un approfondissement de la tradition spirituelle de l’Apostolat de la Prière et à une actualisation de la dévotion au Cœur de Jésus. Le Réseau Mondial de Prière du Pape, qui est aujourd’hui une œuvre pontificale, a une manière propre d’entrer dans la dynamique du Cœur du Christ, que l’on appelle « Le Chemin du Cœur ». Comme l’a dit le pape François, à l’occasion de son 175e anniversaire, c’est le fondement de notre mission, une mission de compassion pour le monde.
En juin 2019, à l’occasion des 175 ans du Réseau Mondial de Prière du Pape, il déclara: « En ce jour de la solennité du Cœur Sacré de Jésus, Il est bon de rappeler le fondement de notre mission comme l’a fait Bettina (Argentine). Il s’agit d’une mission de compassion pour le monde, un « chemin du cœur » pourrait-on dire, c’est-à-dire un itinéraire de prière qui transforme la vie des personnes. Le Cœur du Christ est tellement grand qu’il désire nous accueillir tous dans la révolution de la tendresse. La proximité du Cœur du Seigneur pousse notre cœur à s’approcher du frère avec amour, et aide à entrer dans cette compassion pour le monde. Nous sommes appelés à être des témoins et des messagers de la miséricorde de Dieu, pour offrir au monde une perspective de lumière là où il y a des ténèbres, d’espérance là où règne le désespoir, de salut là où le péché abonde. Entrer en prière c’est entrer avec mon cœur dans le Cœur de Jésus, faire un chemin dans le Cœur de Jésus, ce que Jésus ressent, les sentiments de compassion de Jésus, et aussi faire un voyage dans mon cœur pour changer mon cœur, dans cette relation avec le Cœur de Jésus ».
Le disciple que Jésus aimait le plus, celui qui connaissait le mieux le Cœur de Jésus, penché vers lui (Jn 13, 23), a aussi été le premier à reconnaître Jésus ressuscité sur le rivage du lac de Galilée (Jn 21, 7). Plus on est proche du Cœur de Jésus, plus on perçoit ses joies et ses souffrances pour les hommes, les femmes et les enfants de ce monde ; et on reconnaît sa présence aujourd’hui comme hier, à l’œuvre dans le monde. Plus nous sommes proches du Cœur de Jésus, moins nous sommes indifférents à ce qui nous entoure, mais désireux de nous engager avec Jésus-Christ au cœur du monde, au service de sa mission de compassion.
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Frédéric Fornos sj, directeur International du Réseau Mondial de Prière du Pape
29 juin 2020