Fiche 14 : Demander ce que je veux et désire
Frédéric Fornos sj, Réseau Mondial de Prière du Pape
Chloé me raconte son temps de prière avec le récit de l’aveugle Bartimée – Évangile selon saint Marc, chap.10, v. 46-52 -. Elle me parle de la vie de cet aveugle, mendiant auprès de la route, avec son cri de désespoir quand il entend passer la foule. Puis tout en poursuivant dans un flux de parole aisé elle rappelle une parole de Jésus à Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Silence. Elle ne peut plus poursuivre. Les larmes lui montent aux yeux. Et elle dit : « Tout à coup c’est à moi qu’il s’est adressé ». Silence. Elle est visiblement affectée et des larmes lui viennent. Elle poursuit : « C’est étonnant, depuis trois jours, depuis longtemps, je lui demande ce que je dois faire pour lui, et là, c’est lui qui me demande ce qu’il peut faire pour moi ! ». Elle est bouleversée. Au bout d’un moment elle ajoute, le visage éclairé : « Quelle délicatesse ! Il me dit cela parce qu’il m’aime ».
Je te disais il y a quelque temps que pour entrer dans la méditation le plus important est de se disposer, disposer son corps et son cœur. Saint Ignace de Loyola propose une sorte de « sas d’entrée » avec trois indications : orienter son cœur, imaginer le lieu où se déroule le récit et, dit-il : « demander à Dieu notre Seigneur ce que je veux et désire ». C’est ce que tu as découvert tout à l’heure dans la prière.
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » demande Jésus-Christ. C’est une caractéristique de l’évangile. Il voit bien que Bartimée est aveugle et pourtant il ne le guérit pas, il lui demande « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Comme s’il ne pouvait pas agir tant que le fils de Timée n’exerce pas sa liberté comme sujet, tant qu’il n’exprime pas son désir. Le désir doit pouvoir accéder à la parole : « Demandez, on vous donnera; cherchez, vous trouverez; frappez, on vous ouvrira ». La demande creuse en nous un désir en tentant d’exprimer ce que nous désirons. C’est persévérer dans la demande comme Bartimée, qui sans cesse appelle, malgré la foule qui fait obstacle, dans la confiance : « Fils de David, aie pitié de moi ! ». C’est accepter fondamentalement de se recevoir d’un autre.
Exercice
Quel est mon désir, qu’est-ce que je souhaite vraiment ? La « demande de grâce » (1) doit se faire en fonction de ce que je vais méditer et du point où j’en suis. Si elle est faite en vérité le Seigneur va ordonner ce désir et au cours de la méditation mon désir profond va émerger peu à peu. Lorsque tu as fini ce temps de méditation sois attentive si tu as reçu ce que tu as demandé, où bien si ton désir s’est déplacé, précisé. C’est un très bon indicateur pour reconnaître comment le Seigneur peu à peu me conduit.
Souvent si nos méditations ne portent pas de fruit c’est parce que nous ne demandons rien, nous n’ouvrons pas l’espace de notre désir, ou nous ne savons pas ce que nous demandons.
Écouter
Évangile selon saint Marc, chap.10, v. 46-52
(1) « Demande de grâce » – « Grâce » vient de gratia, faveur, dont le pluriel a donné gratis, Demander une grâce est donc demander une faveur accordée gratuitement.
Extrait du livre « b.a.-ba de la prière ».