Fiche 22 : Méditer ou contempler un récit biblique ?
Frédéric Fornos sj, Réseau Mondial de Prière du Pape
Chloé me dit : « J’ai voulu contempler un texte de la Bible, la rencontre entre Philippe et un Éthiopien sur la route de Gaza, dans le livre des Actes des Apôtres. Mais tout à coup j’ai eu un doute : est-ce que je devais méditer ce texte ou plutôt le contempler ? »
C’est une bonne question. Tu peux regarder ce que je dis sur la « FICHE-Meditation » ou la « FICHE-Contemplation » qui sont deux manières différentes d’écouter la Parole de Dieu à partir d’un texte biblique. Ta question, cependant, appelle deux réponses :
1 – La première réponse est simple et tu la comprendras aisément. Elle concerne la forme du texte biblique lui-même. Lorsque le texte biblique propose un discours, une narration où il n’y a rien à voir ou à entendre, il s’agit alors de le méditer. Par exemple, lorsque Jésus sur la montagne nous parle de la manière d’être son disciple : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux ! Heureux les doux ils seront rassasiés » … etc. Je médite ces paroles.
Par contre si le récit biblique me montre des paysages, des routes et des villages, des hommes et des femmes, Jésus et les Apôtres, alors je vais pouvoir voir et entendre, contempler cette scène.
2 – La deuxième réponse va plus loin car elle concerne le point où tu en es dans ta vie spirituelle.
Il y a un temps de notre vie où nous sommes centrés sur nous-mêmes, préoccupés par nous-mêmes, par notre progrès spirituel et moral. Nous sommes sur un chemin de purification. C’est un temps favorable pour méditer car la méditation est un « retour sur soi-même ». C’est un chemin pour les commencements de la vie spirituelle, même si on peut y revenir à d’autres moments. En effet, au départ, méditer se confond avec un effort de réflexion pour se laisser toucher par le texte biblique, au point que celui-ci rejoigne ma vie. C’est à ma portée, je peux le faire par moi-même. Mais cette réflexion va devenir progressivement plus passive, plus ouverte à ce qui vient.
Lorsque je m’ouvre à Jésus-Christ et aux autres, lorsque je suis décentré de moi-même, capable de voir et d’entendre, alors je peux entrer dans la contemplation biblique. La contemplation ne dépend pas de mes efforts, elle est donnée par l’Esprit-Saint. Elle ne dépend pas de moi mais je peux m’y disposer. Ma capacité d’ouverture, d’accueil de l’autre, mon désir de voir et d’entendre le Christ afin de l’aimer et de le suivre davantage, dispose mon cœur à la contemplation. Ce temps de ma vie spirituelle est marqué par mon désir d’être disciple de Jésus, de le suivre lui seul. Bien-sûr, même si dans mon chemin spirituel je suis ailleurs, je peux toujours appliquer les principes de la « contemplation » (voir, écouter, considérer) mais cela restera une approche réflexive, aussi différente de la véritable contemplation que de voir le ciel étoilé sur un écran d’ordinateur ou dans l’immensité et la profonde nuit de la Voie Lactée.
Exercice
C’est très difficile de savoir où on en est dans la vie spirituelle, le plus souvent c’est un autre, un accompagnateur spirituel, qui peut m’éclairer. Même lorsque j’ai avancé en « eau profonde » dans la vie spirituelle, je peux méditer un texte biblique. Cependant, la « méditation » est, alors, différente : elle n’est plus tant un effort de réflexion comme dans les débuts qu’une attitude d’accueil, d’écoute, laissant surgir en soi la clarté de la Parole qui est donnée par l’Esprit.
Je peux, comme un explorateur, faire des essais avec différents textes bibliques pour éprouver ces deux formes d’oraison et le point où j’en suis dans ma vie spirituelle.
Écouter
La rencontre de Philippe avec le haut fonctionnaire Éthiopien
Contemplation – Livre des Actes des Apôtres chapitre 8, v26-39
Demeurer dans la Parole
Livre des Actes des Apôtres chap. 8, v. 26-39
L’ange du Seigneur adressa la parole à Philippe : « Mets-toi en marche vers le midi, prends la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; elle est déserte. » Et Philippe se mit en marche. Or, un Éthiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, reine d’Éthiopie, administrateur de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer Dieu. Il en revenait, assis dans son char, et lisait le prophète Isaïe.
L’Esprit du Seigneur dit à Philippe : «Avance, et rejoins ce char.» Philippe s’approcha en courant, et il entendit que l’homme lisait le prophète Isaïe ; alors il lui demanda : «Comprends-tu vraiment ce que tu lis ?»
L’autre lui répondit : « Comment pourrais-je comprendre s’il n’y a personne pour me guider ?» Il invita donc Philippe à monter et à s’asseoir à côté de lui. Le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci :
« Comme une brebis, on l’a conduit à l’abattoir, comme un agneau muet devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche. A cause de son humiliation, sa condamnation a été levée. Sa destinée, qui la racontera ? Car sa vie a été retranchée de la terre. »
L’eunuque dit à Philippe : « Dis-moi, je te prie : de qui parle-t-il ? De lui-même, ou bien d’un autre ? »
Alors Philippe prit la parole, et, à partir de ce passage de l’Écriture, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus.
Comme ils poursuivaient leur route, ils arrivèrent à un point d’eau, et l’eunuque dit : « Voici de l’eau : qu’est-ce qui empêche que je reçoive le baptême ? »
Il fit arrêter le char, ils descendirent dans l’eau tous les deux, et Philippe baptisa l’eunuque.
Quand ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur emporta Philippe ; l’eunuque ne le voyait plus, mais il poursuivait sa route, tout joyeux.
Traduction liturgique de la Bible
Extrait du livre « b.a.-ba de la prière ».