Fiche 45 : La prière, efficace ou féconde ?
Frédéric Fornos sj, Réseau Mondial de Prière du Pape
Chère Sophie,
Comme je te le disais la prière n’est pas « efficace » dans le sens d’un automatisme. Parler d’efficacité n’est pas un terme qui me semble convenir pour parler de la prière, il nous met du côté de l’imaginaire, du magique. Une technique, un remède médical peuvent être efficaces. La prière n’est pas de ce registre-là. Je préfère parler de fécondité de la prière qui est le fruit de l’Esprit Saint en nous, plus intime et secret. La prière est avant tout un murmure d’amour. Elle est humble, comme l’amour l’est, lui qui jamais ne s’impose. Elle est gratuite.
J’aime Celui qui est à la source de la vie, le Seigneur, pour lui-même, et si je lui demande quelque chose, cela devrait naître de cet amour. D’une certaine manière, la prière ne sert à rien dans le sens où l’on pourrait l’utiliser en vue de quelque chose, comme un instrument pour faire pression sur Dieu. La prière ne peut arracher, prendre ou forcer, mais elle peut nous conduire à la source, c’est-à-dire à la communion d’amour du Père et du Fils, dans l’Esprit. Cependant lorsqu’elle est ainsi, pauvre et humble, elle a une réelle fécondité.
L’amour qui nous met en relation les uns avec les autres est comme la pluie qui nourrit la terre et qui produit du fruit, 100, 60, et 30 pour un (Prends le temps de lire et méditer : Isaïe 55, 8-11 et la parabole du semeur ). La parabole du semeur est aussi une parabole sur la prière, la parole ne produit pas toujours les fruits dans le cœur. Mais si la prière est infinie tendresse, sans produire ce que nous souhaiterions, elle peut cependant être fraîcheur en été et manteau chaud en hiver pour ceux que nous confions.
De manière assez étonnante Jésus, et toute la tradition biblique, souligne que notre persévérance dans la prière est essentielle. Pourquoi ? DIEU serait-il sourd, aurait-il des problèmes de mémoire ? De nombreux épisodes soulignent cette persévérance, comme le récit de la femme Syro-Phénicienne qui implore la guérison de sa fille (Lire le récit – Matthieu chap 15, 21-29), ou les paraboles de Jésus sur l’ami importun (Lire le récit – Luc 11, 5-8) ou encore la veuve qui demande justice (Lire le récit – Luc 18, 2-5). Cela signifie-t-il que par la prière nous pourrions faire changer DIEU d’avis ? Il est vrai que Jésus, à l’écoute de la femme Syro-Phénicienne, change d’attitude. Mais je pense que cette persévérance, cette insistance, n’est pas tant pour « forcer » le cœur d’un Dieu qui serait insensible, ce serait méconnaître Celui qui se révèle en Jésus, mais pour nous permettre, d’entrer nous-mêmes dans l’amour et d’ajuster notre prière.
Jésus nous enseigne que la prière persévérante, dans la confiance, est féconde lorsqu’elle vient du cœur, c’est-à-dire que lorsque celui qui prie y est engagé de tout son être, jusqu’au point de souffrir et de pleurer pour l’autre, cet Amour rejoint alors le cœur du Père.
Un ancien disait : « L’homme qui est assis dans sa cellule et qui médite les psaumes est semblable à un homme qui cherche le roi. Mais celui qui prie sans cesse est semblable à celui qui parle au roi. Quant à celui qui demande avec larmes, il tient les pieds du roi et lui demande pitié, ainsi que l’a fait la femme qui en peu de temps lava de ses larmes tous ses péchés ». (Lire le récit – Luc 7, 40-50 )
DIEU ne peut pas tout, en tous cas pas ce que nous imaginons. Il n’est pas Merlin ! Il ne veut pas forcer la liberté des hommes et les événements. Il voit bien la souffrance du monde, mais comme l’amour, il ne s’impose pas, ne veut rien nous imposer, pas même notre bonheur. Il ne désire qu’inspirer, murmurer, soutenir, accompagner. Ne nous trompons pas, l’Amour, l’autre nom de DIEU, est tout puissant, cependant il ne se dévoile qu’avec la mort sur la croix de Jésus et sa Résurrection. L’Amour est la force la plus considérable qui soit.
DIEU est un mendiant d’amour qui frappe à nos cœurs. Il a choisi d’avoir besoin de nous, il ne veut rien faire sans nous, c’est pourquoi, d’une certaine manière, il a besoin de notre prière. Comme avec l’aveugle Bartimée il nous demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ».
Frédéric Fornos sj
« En tant que croyants, nous sommes convaincus que la prière est une vraie force, qui ouvre le monde à Dieu. Nous sommes convaincus que Dieu écoute et peut agir dans l’histoire. Je pense que si des millions de croyants, prient, cela influe sur le progrès de la paix ». Benoît XVI
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