Fiche 5 : Le silence du cœur
Frédéric Fornos sj, Réseau Mondial de Prière du Pape
« J’ai fait l’exercice que vous m’avez demandé. Je me suis promené en essayant d’être présent à ce que je voyais et entendais et en fait ça m’a aidé. J’étais dans le silence et ça ne me pesait pas, par contre dans le temps de prière j’ai essayé à nouveau de me concentrer pour faire silence en moi mais je n’y suis pas arrivé comme dans la promenade. Je pensais que l’exercice allait m’aider à entrer plus facilement dans le silence mais j’avais toujours des pensées et je n’arrivais pas à me vider » dit Samuel.
En fait il ne s’agit pas de se concentrer ou de se vider… mais d’être présent ici et maintenant. Si je cherche à me concentrer, je fais un effort de la volonté, un effort de maîtrise, et cela m’éloigne de l’état de disposition intérieure que je cherche. Il s’agit simplement de se rendre présent, d’être simplement là, gratuitement, sans rien vouloir ou chercher, sinon de s’éveiller à la présence du Seigneur. Il ne s’agit pas de se vider de ses pensées, mais de se rendre présent à un Autre. Si je suis présent à moi-même je serai davantage présent à un Autre.
Dans l’exercice précèdent il s’agissait d’apprendre à être là simplement dans le silence, présent à nous-mêmes. Être dans la perception, entendre, voir, toucher, se rendre présent au monde ne doit pas fatiguer ou produire de la tension, mais du repos. S’il y a de la fatigue pendant que je fais l’exercice ce peut être parce que je me concentre et je cherche à atteindre un objectif : réussir l’exercice et ne pas avoir de pensées. Or avec ces exercices, et même dans la prière, nous ne devons rien atteindre ou réussir. Il s’agit simplement d’être là, non pas de se concentrer et de faire des efforts, mais d’être présent et d’accueillir. Être là, simplement présent, ça détend. Ce qui fatigue ce n’est pas de demeurer dans la perception mais de chercher à arriver à quelque chose.
Etre présent à mon corps, à ma respiration, me fait entrer dans le silence intérieur, le silence du cœur, et me dispose à me laisser rencontrer. Voilà pourquoi c’est si important pour entrer dans la prière. Le prophète Élie, alors qu’il était à l’Horeb, la montagne de Dieu, découvrit que Dieu n’était pas dans le bruit ou dans des expériences extraordinaires mais dans le murmure d’un souffle silencieux… – Lire le récit ( 1er Livre des Rois, chap. 19, 8-12)
Lorsque je demeure présent ici et maintenant, tout ce bavardage intérieur, ces pensées qui m’agitent, ces préoccupations qui me saisissent, et qui m’empêchent d’écouter Celui qui vient à ma rencontre, finissent par se taire. Alors je ne suis plus enfermé dans un monologue avec moi-même qui n’en finit pas et me laisse en surface, mais il m’est donné d’entendre en profondeur, au sein du silence même, un Autre qui cherche à me parler.
Exercice
Je t’invite à refaire cet exercice. Te promener en te rendant attentifs à ta respiration, à ton corps, à tes sens, et être simplement là, dans la perception. Si tu perçois des pensées, ce n’est pas grave, tu reviens à la perception. Écoute le silence ! Même au milieu du bruit tu peux l’entendre. Pourquoi s’exercer encore ? Parce que plus je fais cette expérience facilement et plus j’aurai de facilité à préparer mon cœur pendant la prière et à entrer facilement dans le silence. Et cela est essentiel. Si, souvent, nous nous parlons à nous même dans la prière et nous ne rencontrons personne c’est parce que nous sommes trop pleins de nous-mêmes et n’avons pas appris à faire place nette dans le Temple de notre cœur – Nous pouvons méditer en ce sens l’épisode de Jésus chassant les marchands du Temple. Découvrir le silence du cœur c’est découvrir la clef de la rencontre.
Extrait du livre « b.a.-ba de la prière ».