Fiche 6 : Le ressort de l’expérience spirituelle
Frédéric Fornos sj, Réseau Mondial de Prière du Pape
« Je suis surprise. Je ne pensais pas que les chrétiens insistaient autant sur le corps et l’affectivité. Ce n’est vraiment pas l’image que j’avais. Je pensais que c’était plutôt perçu comme un obstacle. », dit Myriam.
La tradition spirituelle chrétienne, souvent méconnue, donne une grande place au corps. C’est même le ressort de l’expérience spirituelle. Ignace de Loyola, un grand spirituel du XVIe siècle, reprenant la tradition monastique, insiste particulièrement sur ce point. Pour lui, le corps et l’affectivité (entendue comme dimension relationnelle de l’homme) ne sont pas un obstacle à la vie spirituelle mais bien au contraire un chemin qui nous dispose à la rencontre de DIEU.
C’est au cœur de la foi chrétienne : DIEU, Celui qui est à la source de la vie, s’est révélé d’une manière décisive en un homme, Jésus-Christ. C’est pourquoi le corps est le lieu même de la révélation de DIEU et de la rencontre de DIEU. C’est ainsi que nous devenons disciples de Jésus-Christ, et accédons à notre humanité : en accueillant dans notre vie spirituelle, notre corps et notre vie affective.
Pourtant, souvent on a une autre image de la foi chrétienne. Notre tradition occidentale, marquée par la philosophie grecque néoplatonicienne, a été marquée pendant longtemps par un dualisme entre le corps et l’âme, et a gardé une certaine méfiance, voire un certain mépris à l’égard du corps. Ceci a conduit souvent l’Église à ignorer la dimension corporelle de l’expérience spirituelle, alors même qu’en son sein les moines et les religieux lui donnaient une place importante. De nos jours, le corps s’affiche partout, et ce n’est pas mieux ! Souvent il est présent sous le mode idolâtrique : le corps réduit à la recherche du bien-être, de la jouissance et du paraître. Là encore il reste souvent un étranger que l’on côtoie sans le connaître, un inconnu qui reste extérieur à soi-même.
Si je ne suis pas présent à mon corps, l’expérience spirituelle risque de se réduire à une approche mentale, située au niveau de l’intellect, du rationnel. Si je médite un texte biblique sans me laisser toucher intérieurement, sans faire attention à « écouter » ce qui m’affecte, comment la Parole de Dieu pourrait-elle me rejoindre au plus profond de mon existence, me transformer, et m’ouvrir à Celui que les chrétiens appellent Jésus-Christ ?
Exercice
Pour prier je vais d’abord préparer mon corps et mon cœur. Je peux prendre le temps de trouver une position corporelle qui m’aide à être présent ici et maintenant, et qui peu à peu m’éveille à la présence de Celui qui est à la source de la vie, le Seigneur. Sans me précipiter, je vais respirer et être présent à moi-même pour m’éveiller à la présence d’un Autre. Si je prends ce temps ma prière sera différente, elle trouvera plus facilement sa source dans mon cœur.
Écouter – Méditation guidée – Les disciples rencontrent le Christ Ressuscité.
Évangile selon saint Jean, chapitre. 20, 19-21
Extrait du livre « b.a.-ba de la prière ».