Fiche 8 : Le silence, un chemin de rencontre
Frédéric Fornos sj, Réseau Mondial de Prière du Pape
« Maintenant, je trouve facilement le silence du cœur, me dit Claire, et ça fait beaucoup de bien d’être là simplement, sans rien chercher, sans aucune pensée. »
Tu dis que cela te fait du bien… et c’est important en effet de pouvoir faire silence en soi. Mais, dans ce silence, cherches-tu vraiment le Seigneur ? Dans la tradition spirituelle chrétienne, le silence n’est pas recherché pour lui-même. Désirer entrer dans le silence du cœur et faire taire le bavardage intérieur a toujours pour objectif de nous disposer à l’écoute d’un Autre que nous-mêmes.
Dans des vies souvent submergées par le bruit, bousculées et stressées, nous aspirons au silence, qui nous aide à nous retrouver et à nous unifier. Le risque alors est de prier pour rechercher le silence, pour trouver le calme et la paix intérieure. Nous risquons de confondre la recherche du silence avec la recherche de Dieu, Celui qui est à la source de la vie. Prier, faire oraison, c’est toujours se disposer à cette rencontre, celle de Dieu révélé comme Père, celle de Jésus Christ le Ressuscité, celle de l’Esprit Saint qui agit en nos cœurs. Le silence nous dispose à cette rencontre, il n’est pas à chercher pour lui-même.
Le véritable silence du cœur est donné par l’Esprit Saint. On ne peut mettre la main dessus, comme s’il dépendait de nos efforts. Son fruit en est la Paix, et il nous est donné. Il n’est pas à confondre avec le calme ou la quiétude intérieure. On ne peut le provoquer mais on peut s’y disposer. Le silence n’est pas à chercher pour lui-même mais il est cependant le chemin pour rencontrer le Seigneur.
Exercice
Ferme les yeux et écoute le silence en toi. Normalement, il suffit de vouloir faire silence pour qu’un tourbillon de pensées nous inonde. Comment éviter le bavardage intérieur et entrer dans le silence du cœur ?
Voici deux propositions.
- Je peux me rendre présent à mon corps, par exemple en me rendant attentif à deux points à la fois : mes mains et ma respiration. Si je demeure présent à ce que je sens de mes mains ET de mon inspiration et expiration, je ne pourrais pas me rendre attentif à autre chose, par exemple des pensées. Nous n’avons pas la capacité de nous rendre attentifs à trois lieux à la fois. Me rendre présent à ma perception, pour être simplement là, ici et maintenant, me fait entrer dans le silence.
- Je peux aussi simplement écouter. Si je me rends présent à mon écoute, je percevrai le silence. Le silence n’est pas à chercher, il est déjà là, il nous précède, le bruit apparaissant par-dessus. Physiologiquement, me rendre présent à mon écoute me fera percevoir comme un « murmure silencieux ». Ce n’est pas le silence du cœur, mais ce silence peut m’y disposer. L’un et l’autre exercice me conduisent à entrer dans le silence. Si je me laisse entraîner par lui, il peut me conduire en profondeur dans l’ouverture à la présence du Seigneur, au point qu’il me soit donné de goûter le silence du cœur