Formation à l’action non-violente : l’engouement des jeunes
Christian Mellon sj., et le Réseau Mondial de Prière du Pape France
Les jeunes qui désirent se former à l’action non-violente sont de plus en plus nombreux. Plusieurs associations, notamment Alternatiba et ANV Cop21, répondent à cette demande croissante, le plus souvent dans le cadre de formations concernant l’ensemble des enjeux du changement climatique.
Les formations proposées sont directement orientées vers la sauvegarde de la « maison commune » chère au pape François, et vers la préparation d’actions collectives se voulant efficaces, toujours menées dans un esprit citoyen. Tels sont les objectifs par exemple des « camps climat » organisés depuis 2016 en été par ces deux associations. Les effectifs des participants connaissent une forte croissance (300 en 2016, 2300 en 2020). De nombreuses autres formations à l’action non-violente sont organisées tout au long de l’année en diverses régions. Cela traduit un véritable engouement, dont on ne peut que se réjouir.
Des formations à l’action
Dans les « camps climat », des enseignements sont proposés, à la fois théoriques et pratiques, sur les raisons de s’opposer au bouleversement climatique et sur les moyens de le faire de manière responsable et respectueuse des personnes. Les actions préconisées – souvent organisées et préparées au cours même des camps – s’inscrivent toutes dans une perspective non-violente. C’est pourquoi le programme de ces camps comprend toujours une sérieuse formation à l’action non-violente. Les jeunes participants sont invités à approfondir quelques questions de fond : pourquoi le choix de la non-violence ? Qu’est-ce qui fonde un tel choix ? Qu’est-ce qui caractérise une action non-violente ?… Et il leur est proposé de se préparer par des exercices pratiques à adopter dans le cours de l’action des attitudes vraiment non-violentes : comment faire baisser la tension ? Comment maîtriser sa peur et son agressivité ? Comment respecter les principes non-violents en cas d’intervention des forces de l’ordre ? Comment prendre des décisions quand les choses ne se passent pas comme prévu ? Que faire si des militants partageant les mêmes objectifs envisagent de recourir à des moyens violents (et parfois franchissent ce pas) ? Etc.
Et des formations à la stratégie
En complément des formations à l’action, des formations à la stratégie font comprendre comment la non-violence permet de mener dans la durée des campagnes sur des objectifs liés à la sauvegarde de la planète et d’y obtenir des victoires concrètes. Il s’agit alors de montrer, dans le sillage des grandes campagnes historiques, celles de Gandhi et de Martin Luther King, que des stratégies non-violentes permettent d’agir à la fois sur le rapport de force et sur les consciences. Des formations à la désobéissance civile, forme d’action souvent choisie parce qu’elle est à la fois non-violente et radicale, préparent à affronter les conséquences juridiques des actions revendiquées, toujours menées à visage découvert.
Réflexion, formation, et action concrète
Ces formations sont beaucoup plus efficaces quand elles sont suivies, à bref délai, d’actions et de mobilisations concrètes : mettre en place cet enchaînement formation/action favorise des parcours d’engagement durable. Car c’est souvent quand on a participé à une vraie campagne, que l’on y a éprouvé la force de l’action collective et que l’on a constaté ses résultats que survient le déclic du véritable engagement.
En quelques années, des dizaines de milliers de jeunes ont bénéficié de ces formations, contribuant ainsi de manière directe à l’actuel engouement de cette tranche d’âge pour les actions non-violentes, notamment la désobéissance civile. Ces jeunes, de plus en plus alarmés – non sans raison ! – par la situation climatique et écologique, expriment un fort désir d’acquérir des moyens d’action qui soient à la fois radicaux et respectueux des personnes. C’est aussi, pour beaucoup d’entre eux, une manière d’échapper à la stérile « éco-anxiété » qui, selon bien des observateurs, se répand dans cette tranche d’âge.
Christian Mellon* sj., à partir d’informations fournies par Jon Palais, organisateur de formations pour ANV-COP21.
* Christian Mellon, jésuite, membre du CERAS, Centre de recherche et d’action sociales. Jésuites et laïcs travaillent ensemble au service de trois missions : accompagner les associations engagées dans le champ social, mettre en débat les questions qu’elles portent, notamment à travers la Revue Projet, les former dans ses champs de compétences.
Pour aller plus loin :
Nos critères d’action non-violente – ANV-COP21
Camp climat | Alternatiba