Il en parle – Nouvelle enquête sur l’intelligence artificielle
Équipe France
Nouvelle enquête sur l’intelligence artificielle
Ouvrage collectif
Edition Flammarion
Parution Juin 2020
Ce livre a été écrit par des experts, il dresse un état des lieux, des enjeux des réalités qui se cachent derrière ce terme d’intelligence artificielle (IA) et fait une large place aux questions médicales. Plusieurs experts s’expriment avec des points de vue bien différents sur une révolution qui est déjà là ! Ce débat qui nous semble être affaire de spécialistes nous concerne pourtant. Dans ce livre, on fait le point, on s’interroge et on comprend que les enjeux présentés nous invitent à prier pour un discernement éthique. Avec le pape François, ouvrons nos cœurs et notre intelligence et prions
« pour que les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle soient toujours au service de l’être humain »
EXTRAITS :
« Il y a quelque chose d’ontologiquement déplaisant, dans cette histoire d’intelligence artificielle(IA). Difficile de ne pas se sentir dépossédé de cette exclusivité qu’on pensait éternelle, inscrite dans le marbre de l’évolution. Comme pour nous rassurer avant qu’on s’inquiète trop, les spécialistes sont formels : l’IA générale, celle qui sera capable de comprendre le monde aussi bien que nous, de raisonner comme nous, et, accessoirement, de nous dépasser si l’envie lui prend, n’est pas pour demain. Ni pour après demain. Un réseau de neurones artificiels n’a rien à voir avec un cerveau qu’il soit humain ou non. Les neurones du premier sont, au niveau fondamental, des fonctions mathématiques, alors que les neurones biologiques sont des cellules complexes, les transmetteurs de signaux bioélectriques, dont on pas encore percé tous les secrets. Certains chercheurs rechignent même à parler d’intelligence artificielle et préfèrent des termes aux consonances plus techniques comme « apprentissage statistique ». Pour autant, pour espérer rendre les réseaux de neurones plus performants, il faut se creuser la tête. Ou, plus exactement, creuser dans notre tête. » Page 32
« Dans la conception d’un objet technologique, il y a un point de départ qui se trouve dans la nature. C’est une source d’inspiration. Mais on s’en détache très vite », explique S. Durrleman, chercheur de l’Institution National de Recherche en Informatique et en Automatique (INRIA) au sein de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM). Et, reprenant une métaphore des plus courantes du milieu, il illustre : « si on veut voler, on regarde ce que fait un oiseau. Mais un avion n’a plus rien à voir avec les oiseaux. Avec les réseaux de neurone, on est un peu dans cette situation. » Page 32
« Je crois donc que le gisement spectaculaire d’innovations à venir ne se trouve pas dans la reproduction de l’intelligence humaine, mais plutôt dans l’exploitation de la complémentarité entre l’intelligence humaine et les capacités de l’ordinateur. La machine ne va pas remplacer l’homme, du moins pas avant très longtemps, si elle le fait un jour. Mais les activités humaines vont être bouleversées par la machine, qui va prendre en charge de plus en plus de taches répétitives qui doivent être exécutées sans erreurs, et qu’on fait faire aujourd’hui pas des humains patiemment et imparfaitement entraînés, alors qu’un algorithme ferait mieux à leur place. » Page 51
Pendant les dix dernières années, le combat principal d’activistes, de journalistes, de défenseurs des libertés numériques fut celui visant à limiter l’impact de l’empreinte algorithmique sur nos vies privées et intimes. Ce combat-là est terminé, obsolète et pour l’essentiel, perdu. C’est un autre combat qu’il nous faut aujourd’hui mener, sur un tout autre front, avec une tout autre urgence et à une tout autre échelle. C’est le combat pour limiter l’impact de l’empreinte algorithmique décisionnelle sur notre vie publique, sur nos infrastructures sociales communes et sur notre destin collectif. » P202
« Le droit à l’indétermination existe. Il faut que l’individu puisse être une surprise pour lui-même. Je veux croire que ce sera l’opinion dominante et que nous conserverons une sensibilité humaine universelle. » Page 219
« Pour le moment, nous nous limitons à confier à Netflix le soin de choisir des films à notre place et à googlemaps celui de tourner à gauche ou à droite pour optimiser notre temps de trajet. Mais pourquoi l’assistance de l’intelligence artificielle devrait s’arrêter là ? Il n’est pas si difficile d’imaginer les étapes futures : comment l’IA pourrait un jour prendre de meilleures décisions que nous en matière de plan de carrière et peut être même de relations sociales ? Mais une fois que nous laisserons à l’IA le soin de décider à notre place de nos études, de notre travail, avec qui accepter un rendez vous galant ou se marier, la vie humaine cessera d’être une affaire de choix et de dilemmes personnels et la manière dont on l’envisage changera radicalement. Ce jour là, les élections démocratiques et l’économie de marchés libres risquent de ne plus avoir beaucoup de sens. En sera-t-il de même pour les religions et la création artistique ? » Page 226
Claire J., Equipe France