L’écoute jusqu’au bout, pour que naisse une parole
Denis Milan, CVX, et le Réseau Mondial de Prière du Pape France
Denis est engagé dans la Communauté Vie Chrétienne, un mouvement qui rassemble des laïcs chrétiens qui se retrouvent tous les mois pour partager prière et chemin de vie, et voir comment Dieu est présent dans leur vie quotidienne, selon la spiritualité de saint Ignace de Loyola (fondateur des Jésuites).
Il témoigne ici de l’importance de l’écoute pour percevoir ce que Dieu a à nous dire pour accompagner nos frères et sœurs.
Je fais partie d’une communauté locale Vie Chrétienne qui regroupe neuf compagnons. Une fois par mois, nous nous retrouvons pour partager un peu de notre vie. Après un temps de prière où l’on écoute la Parole de Dieu, nous faisons un premier tour où chaque compagnon partage le fruit de sa préparation sur le thème choisi pour le mois ; puis nous réalisons un second tour où ceux qui le souhaitent donnent une parole à l’un ou l’autre compagnon sur ce qu’il a exprimé.
Une écoute jusqu’au bout
La réunion de communauté locale n’est pas un temps de débat où l’on mettrait en commun nos arguments sur un sujet, pour arriver à une opinion partagée par le groupe. L’idée est plutôt d’accompagner chacun des compagnons sur son chemin de vie, en partant de ce qu’il a partagé. Chacun prend donc le temps nécessaire pour partager ce qu’il souhaite de sa préparation ; les compagnons écoutent alors sans intervenir. On parle de « l’écoute jusqu’au bout ».
Pour moi ce n’est pas juste un temps où l’on attend que le compagnon ait achevé son partage, mais un temps réel d’écoute et d’attention pleine et entière jusqu’au bout de ce qu’il souhaite partager. Un temps où tous mes sens, mon cœur et mon intelligence sont en éveil pour sentir et comprendre ce que l’autre partage de sa vie. La qualité de cette écoute peut même amener le compagnon à en dire un peu plus que ce qu’il avait prévu de partager, surtout s’il s’agit d’une difficulté vécue, un élément important de ce qu’il vit.
Chaque compagnon est successivement dans un temps de partage de ce qui l’habite, et dans un temps d’écoute de ce qui habite les autres compagnons.
Une écoute pour que naisse la parole
Dans un deuxième temps, chacun peut porter une parole aux compagnons suite à ce qu’ils ont partagé.
L’idée n’est pas de donner des conseils ou ma propre opinion sur ce que l’autre a exprimé ; c’est plutôt de montrer l’importance que j’accorde à ce qu’il a partagé, et peut-être lui suggérer, dans la bienveillance, une piste de réflexion complémentaire, ou une parole biblique qui pourrait le nourrir, pour l’aider à avancer sur sa route.
Mais savoir quelle parole donner au compagnon n’est pas évident ! Pour discerner si une parole qui m’est venue à l’écoute du compagnon est bonne à donner ou non, une clé centrale pour moi est de chercher à savoir si Dieu pourrait vouloir, par mon intermédiaire, porter cette parole au compagnon. Cette parole qui me vient peut-elle aider mon compagnon à avancer sur son chemin de vie ?
Dieu nous parle dans la prière, et le temps de prière en début de chaque réunion est un temps où Dieu peut me parler, comme à chacun des moments où je me tourne vers lui dans la prière ; mais saurais-je et même voudrais-je entendre en moi ce que Dieu veut me dire ?
Je suis convaincu que Dieu peut se servir de chacun de nous pour porter une parole au compagnon, pour lui parler avec des mots audibles par l’oreille humaine. Une parole qu’il aura entendue, et dont il fera ensuite ce qu’il souhaite.
L’écoute jusqu’au bout … pour que naisse une parole vive et vivifiante !
Denis Milan, CVX, et le Réseau Mondial de Prière du Pape