La bioéthique déplace la vision de l’homme et interroge le chrétien
Le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Prions pour que, face aux nouveaux défis de la bioéthique, les chrétiens promeuvent toujours la défense de la vie par la prière et l’engagement social.
Le genre humain se trouve aujourd’hui face aux défis vertigineux des évolutions à très grande vitesse des biotechnologies. Celles-ci accroissent les possibles en matière de santé humaine mais aussi d’accès à des techniques de procréation, des techniques pour protéger le corps humain des aléas de la maladie et de la vieillesse, pour prolonger sa vie ou ses capacités. Les logiques de marché et la pression de la société sont sans limites. Si la société dans son ensemble doit se positionner et s’adapter en permanence, chacun a aussi la responsabilité individuelle, et dans les collectifs où il se situe, de réfléchir, de dire une parole, de poser un acte, de faire des choix.
La bioéthique
L’intention du Pape convoque l’éthique qui a pour objet de réfléchir à la portée de nos actes. Il faut différencier les questions d’éthique de la nécessité sociale d’établir des lois. Par exemple, lors du vote de la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse en 1974, le législateur n’a pas assuré que cette loi était en elle-même moralement bonne mais que, désormais, l’IVG était autorisée en France. L’IVG était alors légalement permise afin que, par exemple, les femmes qui ne pouvaient assumer leur grossesse ne mettent plus leur vie en danger.
L’éthique est une réflexion nous aidant à mieux fonder notre discernement. Les lois de bioéthique représentent alors un cadre légal et ne sauraient se substituer à notre conscience morale.
Les évolutions biotechnologiques
Le champ d’application des biotechnologies se situe désormais non seulement à l’échelle cellulaire (aide à la procréation par exemple) mais également, et cela constitue une véritable révolution, à l’échelle des molécules (modification ou construction d’informations génétiques par exemple). Or à cette échelle (le milliardième de mètre !), il est facile d’oublier qu’il s’agit là de fonctionnalités d’organismes vivants.
En 1998, la directive 98/44/CE du Parlement européen considère que ces fonctionnalités moléculaires sont des objets disponibles, brevetables, achetables. Cela ouvre la voie au développement de thérapies géniques permettant de lutter contre des cancers, mais cela pourrait également amener à des modifications génétiques des humains comme cela se fait pour les animaux. Il s’agirait alors par exemple de modifier le génome humain afin de minimiser le risque de développer telle ou telle maladie génétique. Cette visée transhumaniste peut aller jusqu’au désir d’immortalité.
Aider à réfléchir et à choisir
Il y a une responsabilité commune à réfléchir sur ces questions. En tant que chrétiens, nous avons foi en un Dieu créateur. Notre corps est un cadeau de Dieu et nous n’en sommes pas propriétaires. Protéger la vie c’est faire en sorte de ne jamais pouvoir s’approprier la vie d’autrui, pas plus que la sienne. Comment alors réfléchir, comment agir ?
Vincent Grégoire-Delory, directeur de l’École Supérieure d’Éthique des Sciences et de la Santé de Toulouse, aide les chercheurs à s’interroger sur leurs choix de recherche, sur leur perception de leur responsabilité sociale et morale, tout particulièrement quant à la modification du vivant. Pour autant, les biotechnologies ne doivent pas nécessairement faire peur car la science sauve des vies. Il faut avancer avec prudence, une même technique pouvant donner de très belles avancées comme de moins bonnes.
A notre niveau de « non-spécialistes », nous pouvons déjà nous informer, pour mieux comprendre, mieux mesurer les enjeux, avoir une parole plus ajustée. Nous pouvons aussi partir de ces deux fondamentaux : Dieu nous a créés, il nous crée encore aujourd’hui, et il nous a créés avec une égale dignité, forts ou faibles, jeunes ou vieux. Notre vocation de chrétiens est peut-être de défendre la dignité de toute vie et d’être solidaires par la prière, la parole et l’action avec tout être humain.
Le Réseau Mondial de Prière du Pape en France, avec l’aide de Vincent Grégoire-Delory,
Doyen de la Faculté Libre des Lettres et des Sciences Humaines de Toulouse,
et Directeur de l’École Supérieure d’Éthique des Sciences et de la Santé de Toulouse
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