La Cimade au soutien des femmes victimes de violence
Propos recueillis par Marie Dominique, Equipe Franc
Violaine est une jeune femme en mission à La Cimade depuis 2008. D’abord chargée de projets en Ile de France sur la question des femmes victimes de violence, elle a vu s’élargir en 2013 son champ de responsabilités sur la France entière avec la création d’un Département intégrant la protection des hommes et des femmes étrangers victimes de violences et depuis 2017, la situation des mineurs isolés. Elle témoigne pour nous.
Violaine, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est la Cimade ?
Créée en 1939, la Cimade est une association de solidarité avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile – association d’inspiration protestante. Avec ses partenaires en France et à l’international, elle agit pour le respect des droits et la dignité des personnes.
Comment La Cimade s’engage-t-elle dans cette douloureuse question de la violence faite aux femmes ?
La Cimade reçoit des femmes ayant fui leur pays pour des raisons diverses :
– certaines veulent échapper à une mutilation génitale féminine (excision) ou protéger leur fille de ces pratiques ;
– d’autres fuient un mariage forcé, des rites de veuvage dégradants, des violences conjugales ou familiales sans réussir à être protégées ;
– il y a aussi celles qui sont persécutées à cause de leurs engagements politiques et sociaux (avortement, divorce…) ou de leur orientation sexuelle (homosexualité).
Nous suivons également les femmes étrangères qui vivent en France des situations d’esclavage, ou d’exploitation sexuelle, ainsi que des femmes qui sont en détention dans les maisons d’arrêt ou enfermées en centre de rétention.
Avec quels partenaires travaillez-vous sur le terrain ?
Nous travaillons avec des Associations, comme Médecins du Monde, ou le Planning Familial par exemple, et d’autres moins connues, qui proposent dans les grandes villes des points d’accès à la santé, pour le suivi médical des femmes.
Dans le domaine social et juridique, nous travaillons avec des avocats qui accompagnent les femmes, lorsqu’elles s’orientent sur le divorce par exemple.
Pour les situations d’urgence, nous avons des relais dans des centres d’hébergement qui proposent un accueil pour mettre les personnes à l’abri.
Pendant ces périodes de confinement, avez-vous été témoin d’une augmentation des violences sur les femmes?
Pendant le premier confinement, il y a eu une explosion des demandes : nous avons vu arriver des personnes nouvelles, qui n’avaient jamais franchi nos portes. Malgré l’augmentation de places d’hébergement, de nombreuses femmes n’ont pas pu être mises à l’abri. Pendant cette période la plupart des associations ont fermé leurs permanences. Certaines comme La Cimade ont néanmoins maintenu des permanences téléphoniques, mais nous avons constaté une forte diminution de sollicitations. Les femmes qui nous contactent aujourd’hui font part d’une intensification des faits de violences pendant cette période, et nous constatons que nombreuses sont celles qui ont attendu la fin de cette phase de confinement pour partir, et vont quitter le domicile.
Toutes ces situations sont extrêmement dures… voyez-vous cependant une lueur d’espérance ?
Les femmes sont souvent les premières personnes à répondre à une crise. Elles jouent un rôle crucial dans la reconstruction de la société, dans la manière dont elles s’en occupent et y participent. Accompagner et soutenir celles qui ont subi des violences participe aussi à cette reconstruction, essentielle pour elles, et donc pour nos sociétés.
Propos recueillis par Marie Dominique, Equipe France