La fraternité humaine dans la Bible
Équipe France« Pour que surgisse un esprit de dialogue, de rencontre et de réconciliation au Moyen Orient où diverses composantes religieuses partagent le même espace de vie »
nous pouvons demander pour eux au Seigneur l’apprentissage de la fraternité. Le P. Jean Marie Dezon nous permet un itinéraire avec la Parole de Dieu pour avancer nous-mêmes sur ce chemin d’humanité.
Si, dans la Bible, le mot frère désigne au sens premier les hommes qui sont issus du même sein maternel, il s’applique également par extension aux membres d’une même famille, mais également d’une même tribu, ou d’un même peuple.
En créant le genre humain d’un seul principe (Actes 17,26), Dieu a déposé au cœur des hommes le rêve d’une fraternité en Adam ; mais ce rêve ne deviendra réalité qu’après un long cheminement. Car, pour commencer, l’histoire des fils d’Adam est celle d’une fraternité brisée : jaloux d’Abel, Caïn le tue ; il ne veut même pas savoir où est son frère (Genèse 4,9).
Tout au long de son histoire, le peuple élu aura à faire un long apprentissage de la fraternité. Non point d’emblée la fraternité avec tous les hommes, mais la fraternité entre les fils d’Abraham, par la foi au même Dieu et par la même alliance. Tel est l’idéal que définit la loi de sainteté : Tu ne haïras pas ton frère … tu aimeras ton prochain (Lévitique 19,17s.). Point de disputes, de rancunes, de vengeances ! Et de fait les traditions patriarcales rapportent de beaux exemples de cette fraternité : Abraham et Lot échappent aux discordes (Genèse 13,8) ; Jacob se réconcilie avec Esaü (Genèse 33,4) ; Joseph pardonne à ses frères (Genèse 45,1-8).
Mais la mise en pratique d’un tel idéal se heurte sans cesse à la dureté des cœurs humains, que dénoncent souvent les prophètes (cf. Osée 4,2 ; Is. 9,18), que déplorent les Sages (Proverbes 19,7).
Le rêve prophétique de fraternité universelle devient réalité dans le Christ nouvel Adam. Par sa mort sur la croix, Jésus est devenu le premier-né d’une multitude de frères (Romains 8,29) ; il a réconcilié avec Dieu et entre elles les deux fractions de l’humanité : le peuple juif et les nations (Ephésiens 2,11-18).
Après sa résurrection, le Christ peut appeler ses disciples des frères (Jean 20,17 ; Matthieu 28,10) ; il ne rougit pas de les appeler frères (Hébreux 2,11). Le Christ en effet est devenu en tout semblable aux hommes, pour les faire devenir fils avec lui (Hébreux 2,10-17). Fils de Dieu, capables de lui dire Abba, co-héritiers du Christ parce que devenus ses frères (Romains 8,14-17) et, par lui, frères les uns des autres.
Pas 1 : Un pardon pour s’accueillir à nouveau comme frères

Joseph dit à ses frères : « Venez près de moi. » Ils s’approchèrent. « Je suis Joseph votre frère, dit-il, moi que vous avez vendu en Égypte. Mais ne vous affligez pas maintenant et ne soyez pas tourmentés de m’avoir vendu ici, car c’est Dieu qui m’y a envoyé avant vous pour vous conserver la vie. » Genèse 45,4-5
Parce que Jacob préférait son fils dernier-né Joseph, la jalousie s’empara de ses autres fils, qui capturèrent Joseph et le vendirent à des marchands qui s’en allaient en Égypte. Devenu intendant du Pharaon pour faire face à des années de famine, Joseph va retrouver ses frères venus en Égypte pour acheter du grain. C’est alors que le pardon de Joseph l’emporte sur le mal que ses frères avaient commis contre lui.
Ai-je, moi aussi, des pardons à donner ? Ai-je des paroles de paix à offrir aux miens, à mes proches ? Ai-je des pas à faire, fussent-ils difficiles ou apparemment impossibles, pour retrouver le chemin de la fraternité, de la confiance et de la vie ?
Pas 2 : Il est bon d’êtres frères

« Oh ! Quel plaisir, quel bonheur de se trouver entre frères ! C’est comme l’huile qui parfume la tête, et descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le col de son vêtement. » Psaume 133,1-2
Au terme de sa marche vers Jérusalem, le pèlerin s’émerveille de la fraternité qui a unis tous les pèlerins entre eux. Alors qu’il s’approche du Temple, il dit sa joie, il rend grâce avec ses frères et pour cette fraternité qu’il reconnaît comme étant une bénédiction de Dieu.
Est-ce que je sais reconnaître et accueillir tous les signes de fraternité qui s’offrent autour de moi, dans ma communauté, dans l’Église et dans le monde… ? Ai-je de la joie à rencontrer mes frères et à me laisser enrichir par eux ?
Pas 3 : Tous réunis en Christ

« Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui jadis étiez loin, vous avez été rendus proches par le sang du Christ. C’est lui, en effet, qui est notre paix : de ce qui était divisé il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine. » Ephésiens 2,13-14
L’œuvre de réconciliation entre tous les hommes s’accomplit dans le Christ, par le mystère de sa mort et de sa résurrection : il est venu annoncer la paix, et déposer dans tous les cœurs l’Esprit qui fait de nous des frères, enfants d’un même Père.
Disciple du Christ, suis-je moi aussi, dans ma famille, dans mon lieu de vie, artisan de paix et de fraternité ? Suis-je habité par l’Esprit d’unité, de communion ? Est-ce que je laisse le Christ m’apprendre à être frère au milieu des hommes ?
Jean-Marie Dezon, prêtre
Equipe France