La paroisse, lieu de réforme de l’Église au quotidien
Soeur Anne Claire Favry, et le Réseau Mondial de Prière du Pape
Sœur Anne-Claire Favry fait partie de la communauté de la Croix Glorieuse, une communauté nouvelle installée sur une paroisse toulousaine depuis quinze ans. La paroisse s’est engagée dans la conversion pastorale et missionnaire au quotidien. Sœur Anne-Claire nous livre ici son regard sur cette intention à partir de son expérience en paroisse.
Sœur Anne-Claire, comment vivez-vous cette réforme de l’Église en paroisse ?
Avec notre communauté formée de consacrés et de laïcs, nous essayons de favoriser un processus de croissance pour tous les baptisés de notre paroisse. Ce chemin a été initié par un petit groupe de huit personnes qui, au cours de réunions simples, dans la fraternité et la prière, a accueilli du Seigneur une « vision » pour la Paroisse, et qui peu à peu, par osmose, a rendu notre communauté plus missionnaire, initiant un chemin de synodalité.
Il y a trois ans, un conseil de pastoral composé d’une trentaine de personnes s’est formé. Il donne un cap et a des conséquences pratiques fortes pour tous les paroissiens.
Quelle est votre vision, votre projet paroissial ?
Notre projet tient dans cette phrase : « Former et envoyer des disciples-missionnaires joyeux, témoins de l’amour de Dieu, pour consoler, accueillir et aimer les habitants de Bonnefoy et au-delà, dans l’Esprit Saint, avec Marie ». Nous redisons notre vision à chaque assemblée dominicale formulée d’une façon ou d’une autre, mais toujours avec le même contenu. Elle fait sens pour chacun et prend chair peu à peu. Chacun, qu’il soit petite main ou responsable de service, est habité par cette mission. Cette vision commune permet d’abandonner son intérêt personnel pour vivre la communion avec tous. L’Équipe d’Animation Pastorale (EAP) propose alors des actions concrètes pour la mettre en œuvre, et des personnes ayant le désir de s’investir sont appelées à mettre leurs talents au service de cette vision.
« Susciter un esprit de service. »
Un point fort est de susciter un esprit de service. Nous réfléchissons à la manière de vivre le service sans se l’approprier, en pensant qu’un service doit pouvoir se transmettre. La priorité est la mise en place de relations fraternelles et une communion par la prière qui est le socle de ces relations de frères et sœurs. Chacun peut se mettre au service d’un projet commun qui a été muri dans la prière et le dialogue communautaire.
Récemment nous avons fait un pas plus concret. Après un travail en équipe vision, nous avons pris la décision en conseil pastoral de chercher dans tous les lieux et services paroissiaux à orienter notre pastorale vers la préférence envers « le fils perdu ». Cette référence à la parabole du fils prodigue devient une boussole pour que toute notre activité soit orientée vers la mission. D’autres références, comme la description de la communauté primitive de Jérusalem sont un véritable phare dans notre cheminement. Il est bon de toujours rattacher nos projets à une parole du Christ, afin que ce soit toujours Lui le pasteur et le chemin.
En quoi cette démarche a-t-elle une influence sur la relation clercs-laïcs ?
Cette démarche ne remet nullement en question la place du pasteur dans la communauté ; il est le berger, il prend soin de chacun, et c’est lui qui est amené à prendre les décisions ultimes après avoir été éclairé par son conseil. La grande ascèse de nos prêtres est la patience, accepter d’entrer dans un temps long, car il est plus facile de décider seul plutôt que d’attendre que les personnes soient prêtes. Ce temps permet l’émergence d’une communauté missionnaire. C’est un constat né de notre expérience. La décision prise par tous devient celle de chacun.
« Une conversion personnelle et communautaire. »
Peut-on parler de conversion ?
La démarche que nous vivons est très belle ; les fruits sont nombreux, mais le processus est long. Il y a des résistances dans les communautés, car beaucoup aimeraient que nous fassions pour eux et non avec. Nous essayons de cheminer au rythme de chacun, et cela demande une réelle souplesse et une remise en question permanente. Nous sommes cependant convaincus que l’on ne peut réformer notre communauté si l’on ne marche pas ensemble.
La réforme de l’Église, c’est la conversion à la communion missionnaire. Chacun est appelé à se convertir, abandonner son intérêt personnel pour s’ouvrir au bien commun.
Propos recueillis par Claire Jeanpierre et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France