La pédagogie différenciée,
pour développer le potentiel de chacun selon ses capacités et sa motivation
Propos recueillis par Anne Passot, et le Réseau Mondial de Prière du Pape 
Prendre en compte la diversité des élèves, ça fait partie de la vie de la classe. Cécile, prof de math en 3e dans un collège public nous rend compte de ce qui se vit dans ses classes.
Vous avez des élèves qui ont du mal à suivre. Comment faites-vous ?
J’ai des classes chargées, de 27 à 29 élèves. Quelques élèves marchent très bien et d’autres sont en situation de décrochage ; on peine à les mettre au travail. Le mot d’ordre aujourd’hui est vraiment de « différencier » nos propositions, c’est-à-dire d’adapter à chacun, et non de réaliser un cours unique pour tous. Cela demande plus de travail que la préparation d’un cours classique ; c’est compliqué à mettre réellement en œuvre dans des classes très nombreuses.
Je me cale plutôt sur le rythme des élèves qui ont des difficultés. Et j’essaie en parallèle de mettre en place des « plans de travail » pour permettre aux élèves ayant des facilités d’avancer à leur rythme, qu’ils puissent aller un peu plus loin en faisant des exercices qui demandent plus de recherche. Mais pour les élèves en situation de décrochage et qui ne font plus rien, c’est compliqué, nous n’avons pas grand-chose à leur proposer.
Certains élèves sont handicapés par la dyslexie ou d’autres troubles reconnus. Existe-t-il une prise en charge spécifique pour eux ?
La famille fait un bilan avec un psychologue ou avec un orthophoniste. Ce bilan est validé par le médecin scolaire. Un projet d’accompagnement personnalisé (PAP) est alors mis en place ; il est matérialisé par un document de suivi de l’élève. Un descriptif succin des préconisations d’aménagement figure en première page, puis chaque enseignant doit dire quels aménagements il va mettre en place. C’est parfois compliqué car les informations de cette première page ne permettent pas toujours de juger ce qui est nécessaire ou approprié pour l’enfant, et nous ne sommes pas formés à la prise en charge de ces troubles ou handicaps.
Il y a de plus en plus d’élèves qui ont des besoins particuliers. La prise en charge de ces enfants relève beaucoup du professeur principal ; il fait circuler le PAP, s’assure que tous les enseignants l’ont rempli. Il prend généralement rendez-vous avec la famille. Si besoin et en concertation avec les autres enseignants, il alerte la direction, l’infirmière ou la psychologue scolaire, quand il juge que les aménagements ne sont pas adéquats ou qu’un élève aurait besoin d’aménagements.
Concrètement, dans vos classes, qu’êtes-vous amenée à faire ?
Quelques exemples concrets. En cas de trouble de l’attention, nous plaçons l’enfant devant pour être moins distrait (ou derrière pour lui permettre de « papillonner » plus facilement) ; nous lui permettons aussi de sortir de la classe quand il le souhaite. En cas de dysorthographie, dyslexie, ou trouble de l’attention entraînant une grande fatigabilité, nous essayons de limiter la prise de notes, et nous fournissons aux élèves des cours polycopiés (ou des polycopiés à trous à remplir) pendant que les autres copient le cours. Nous donnons aussi accès en ligne aux corrections d’exercices s’ils n’ont pas pu tout écrire en classe et souhaitent reprendre le travail chez eux. En maths, certains aménagements autorisent les élèves à avoir toujours une calculatrice. Dans certains cas l’utilisation d’un ordinateur portable en classe est préconisée.
Comment réagissent les autres enfants de la classe face aux adaptations dont bénéficient certains ?
La présence d’élèves en situation de handicap dans les classes est devenue naturelle pour l’ensemble des élèves ; c’est un point très positif. Il est devenu normal pour tous que certains élèves aient des adaptations, ça ne pose généralement pas problème. Et il n’y a pas vraiment besoin de passer du temps à expliquer longuement.
Propos recueillis par Anne Passot, Réseau Mondial de Prière du Pape France
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