Lanza del Vasto, le Serviteur de paix
Daniel VigneDaniel Vigne est président de l’Association des Amis de Lanza del Vasto (1901-1981), il nous livre le portrait de ce grand témoin de la paix, l’une des figures les plus respectables de ce 20ème siècle, qui a connu tant de violences. Puissent nos cœurs être touchés par ce message de respect et de non-violence afin que nous soyons toujours davantage des serviteurs de la paix.
« Né dans le sud de l’Italie, le jeune homme étudie la philosophie, puis voyage en Europe et en Méditerranée avant de partir pour l’Inde en 1937 à la rencontre de Gandhi. Il relate cette rencontre dans l’inoubliable Pèlerinage aux sources. C’est le tournant de sa vie : il décide de se vouer entièrement à répandre le message de la non-violence. Gandhi lui-même confirme cette mission et le nomme ‟Shantidas”, Serviteur de paix.
Revenu en France, il fonde en 1948 la communauté et le mouvement de l’Arche, qui tentent d’expérimenter ce message dans tous les aspects de la vie. Auteur de nombreux livres, Lanza del Vasto donne des conférences partout dans le monde et s’engage dans des actions non-violentes qui le rendent célèbre : contre la torture lors de la guerre d’Algérie, contre l’expulsion des paysans du Larzac, contre l’escalade nucléaire…
Car Lanza del Vasto, bien que respectueux des valeurs des autres religions, n’est nullement syncrétiste, mais profondément chrétien et catholique. La non-violence n’est pas pour lui un idéal exotique, mais le cœur même du Sermon sur la montagne et des Béatitudes.
Son œuvre est d’une actualité étonnante. À contre-courant de son époque, Lanza del Vasto avait en réalité un demi-siècle d’avance ! Loin de toute violence religieuse, il invitait les croyants à trouver entre eux des terrains d’entente, comme le Concile Vatican II dans la déclaration Nostra aetate. Dénonçant la folie de la course aux armements, spécialement de la bombe atomique, il suppliait l’humanité d’y renoncer, comme tous les papes le font désormais. Rejetant l’idolâtrie du Progrès et la tyrannie de l’Argent, il luttait pour l’avènement d’une société plus sobre, humaine et respectueuse de la nature, comme le fait l’encyclique ‟Laudato si”…
Sa proximité particulière avec le message du pape François est évidente. Ainsi à l’égard de la peine de mort, récemment bannie du Catéchisme de l’Église catholique, ou dans le refus du fracas des armes, intention de prière que le pape nous confie ce mois-ci. « La violence, disait-il, n’est pas la solution : elle est au contraire le problème, que seule la non-violence permet de résoudre. Une non-violence active et courageuse, qui résiste au mal par le bien et qui vise à toucher la conscience de l’adversaire, son âme et son cœur. »
J’ai connu ce témoin extraordinaire. Il a lui-même touché mon cœur et ceux de beaucoup d’autres. Le site international qui lui est dédié permet désormais à tous de le connaître. Je me réjouis que son nom soit associé à la prière mondiale que le pape François nous demande de faire monter vers Dieu. »
Daniel Vigne,
diacre et théologien (Institut Catholique de Toulouse)