Le chemin de la Terre Promise
Daniel Régent sj, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en FrancePrions pour que les victimes de discrimination et de persécution religieuse trouvent dans la société la reconnaissance de leurs droits, et la dignité qui vient de la fraternité.
La discrimination ou la persécution de groupes ethniques, de minorités linguistiques, culturelles, sont des pratiques de l’histoire et du monde contemporain. Régulièrement, le pape invite à prier pour ces gens contraints à fuir leur pays. L’intention de ce mois porte sur la discrimination et la persécution religieuses. Des États ou une partie de leur population rejettent ou persécutent des croyants de toutes confessions, par haine de Dieu ou de leur religion. Cela porte atteinte en l’homme au trésor qu’est pour lui sa foi religieuse.
Le peuple d’Israël au long de son histoire en sait quelque chose ! Le siècle dernier, pour n’évoquer que lui, en laisse des traces terribles. C’est le peuple avec lequel Dieu a noué une alliance, il y a plus de 3800 ans. Le Seigneur s’est adressé à Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois une bénédiction ! » (Gn 12,1-2). Dieu promet un pays – un autre – et de devenir un grand peuple. La puissance de sa parole brûlante met Abraham en route. La Promesse est joie ; elle est aussi blessure, car elle est au futur.
Pas 1 : La Promesse, une joie

« Quelle joie quand on m’a dit : « nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! […]
C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur » (Ps 121 – 122, 1-2. 4)
Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse ont entendu l’appel du Seigneur. La joie de cette parole les a mis en route. Ils sont devenus nomades à travers la terre de Canaan – future Terre Promise -, l’Égypte et le désert, pour revenir finalement aux portes de la Terre Promise. Que d’aventures, que d’épreuves traversées ! Chemin faisant, le peuple d’Israël s’est constitué, il est devenu puissant ; au désert, le Seigneur a scellé l’alliance avec lui et lui a donné la Loi, les dix commandements.
La joie, celle d’Abraham et celle du psalmiste, fait voir le but : Jérusalem, la ville de Dieu. Elle fait goûter la réalisation de la Promesse, alors même qu’elle n’est pas accomplie. Elle donne force et confiance pour l’avenir.
La vie de l’homme ressemble à celle de nos pères : un long pèlerinage qui conduit aux portes de la Promesse.
Je regarde dans ma vie les lieux et les moments où le Seigneur m’a réjoui de sa présence et de sa parole. Quelle force me donne-t-il sur le chemin ? Que représente pour moi Jérusalem ?
Pas 2 : La Promesse, une blessure

« Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ;
aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes.
C’est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons, et nos bourreaux, des airs joyeux :
‘Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion.’
Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ?
Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! » (Ps 136-137, 1-5)
Le psalmiste comme le peuple est au creux de l’épreuve. La Terre Promise est aux mains des ennemis ; le Temple de Jérusalem est détruit, le peuple en exil à Babylone. Et les vainqueurs, les bourreaux, demandent des chansons et des airs joyeux. Ils tournent en dérision les cantiques et les actions de grâce. Le psalmiste, au nom du peuple, garde précieusement, comme le trésor caché, le souvenir de Jérusalem, le souvenir de la Promesse et de l’alliance.
« Je veux que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir,
si je n’élève Jérusalem au sommet de ma joie. » (Ps 136-137,6)
Dans les épreuves que j’ai pu ou que je peux traverser ; dans les épreuves que l’Église traverse aujourd’hui, je m’inspire de l’attitude du psalmiste. Il utilise encore le mot de ‘joie’.
Pas 3 : Jésus et ses disciples

« Pierre dit à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté et nous t’avons suivi. » Jésus déclara : « En vérité, je vous le dis, nul n’aura laissé maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou champs à cause de moi et à cause de l’Évangile, qui ne reçoive le centuple dès maintenant, au temps présent, en maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Mc 10,28-30).
Jésus en s’incarnant a quitté son pays, le ciel, pour rejoindre le nôtre, la terre. Il nous ouvre ainsi la route vers le Royaume des Cieux. Il appelle ses disciples à le suivre. Il leur promet le centuple, avec des persécutions. Lui-même les affrontera tout au long de sa vie jusqu’à mourir en croix. La Terre Promise à Abraham et à sa descendance est le Royaume des cieux qui s’inaugure ici-bas.
Laisser une maison, les membres de sa famille, en recevoir le centuple, et la vie éternelle dans le monde à venir, n’est-ce pas l’itinéraire que le Seigneur a fait faire à nos pères dans la foi ? N’est-ce pas aujourd’hui celui du peuple des chrétiens ?
Je prends le temps de contempler la vie de Jésus avec ses disciples. Je lui demande la grâce d’entrer dans ce mystère de vie.
Daniel Régent sj, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France