Le langage de la foi ne peut pas être désincarné
Pascal Gauderon sj, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
« Il leur parlait en paraboles… » De petites histoires imagées, vivantes, ludiques, souvent aussi décalées et incongrues… pour éveiller les consciences et travailler les questions essentielles de la sagesse religieuse populaire. Et bien des passages des discours de Jésus appellent certainement une gestuelle, des mimiques, des sourires espiègles… Jésus, à n’en point douter, était un bon communiquant, un homme de scène !
Une parole chrétienne, témoignant du Verbe fait Chair, ne peut pas être désincarnée. Nous nous adressons à personnes de chair et de sang, qui perçoivent le monde par leurs sens, leur affectivité, leur psychologie, leur imaginaire, leur cœur profond. Le langage de la foi ne peut donc se cantonner à une parole purement cérébrale, conceptuelle, abstraite. Il s’agit de parler à toutes les dimensions d’une personne, et à toutes les personnes en leurs cultures singulières.
Rejoindre l’autre par un langage qui le considère en son incarnation.
La tradition artistique et créative est aussi ancienne dans l’Église que la transmission de la foi. Rien d’étonnant à ce qu’on déploie encore aujourd’hui le théâtre, le chant, le jeu, le dessin, la blague subtile… ou de façon plus récente, la comédie musicale, la bande dessinée, le cinéma ou le vidéo clip ! C’est en fait rejoindre l’autre par un langage qui le considère en son incarnation.
Bien sûr, comme pour toute médiation, le risque existe qu’elle fasse écran. Au lieu de montrer plus loin qu’elle-même, elle arrête le regard sur elle-même. Mais au moins ont-ils perçu que l’Évangile n’est pas incompatible avec l’art et la vie, avec la fête et la joie, avec le jeu et la gratuité, avec l’émerveillement et l’intelligence… Au fond, même indépendamment du message, la forme est déjà porteuse d’une bonne nouvelle, celle de l’Incarnation, d’un Dieu présent au cœur de ce monde, d’un monde habité devenant signe d’un Autre…
Témoignage d’un Dieu qui s’adresse personnellement à nous, de façon unique, au cœur de notre histoire.
Bien sûr, comme tout art, ou artifice, le moyen employé risque d’être séducteur, captatif, dans une forme de démagogie malvenue. Mais il est peut-être aussi tout simplement le chemin de rencontre de son interlocuteur dans sa propre culture, le signe d’une adaptation et d’une considération de sa particularité, un hommage à ce qu’il est, le témoignage déjà d’un Dieu qui s’adresse personnellement à lui, de façon unique, concrète, au cœur de son histoire.
Oui certes, le risque est grand qu’à semer le grain de l’Évangile avec des outils artistiques, originaux, créatifs, quelques poignées tombent sur le chemin de la séduction facile, ou dans les ronces de ces moyens envahissants promus pour eux-mêmes ; mais pour les bonnes terres qui se seront laissées rejoindre et auront pu être à l’écoute avec leur cœur, leurs sens, leur affectivité, leur intelligence, le beau geste du semeur, revêtu d’art et de moyens de communication, sera fécond.
« Père Pascal, quand tu nous parles de Jésus, on sent qu’Il est là ! », dira un jour une élève de CE1 en pleine séance de KT ! Quel cadeau ! Et quelle belle confirmation de la Mission !
Pascal Gauderon sj, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
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