Les familles, un trésor à protéger
Alain Thomasset, sj
« Amoris laetitia », l’Exhortation apostolique post-synodale sur l’amour dans la famille, nous aide à entrer dans la réflexion, en lien avec le défi de ce mois, sur la notion de fraternité et la situation actuelle de la famille. Le P. Alain Thomasset sj, professeur de théologie morale nous y introduit.
Les familles sont un vrai trésor pour l’humanité. Le pape François dans son Exhortation Amoris laetitia sur l’amour dans la famille, insiste sur l’importance des familles pour la société tout entière. Ce sont elles « qui introduisent la fraternité dans le monde ! À partir de cette première expérience de fraternité, nourrie par les liens d’affection et par l’éducation familiale, le style de la fraternité rayonne comme une promesse sur toute la société » (AL 194). Elles sont le premier lieu d’apprentissage du partage, de la solidarité, de l’accueil de l’autre, à commencer par les enfants, les frères, les sœurs… Lieu d’exercice également du soin des personnes à tous les âges de la vie. Que deviendrait la vie sociale sans cette école de la vie fondée sur l’amour et la tendresse ?
Or nous savons que les familles, dans leur grande diversité, sont aussi fragiles et ont besoin d’être soutenues, accompagnées. C’est pourquoi il est important que les décisions économiques et politiques les protègent et leur assurent les bonnes conditions de leur épanouissement.
En premier lieu, les conditions matérielles de logement, de ressources, d’éducation sont essentielles. Élever des enfants est bien difficile quand le logement est trop petit, quand le chômage survient, ou quand la mère se retrouve seule. En ce sens, les politiques familiales concernent de très nombreux aspects, comme les prestations familiales, les aides au logement, les allocations de rentrée scolaire, les mesures fiscales mais aussi les aides publiques pour la création d’infrastructures locales qui facilitent la garde des enfants (crèches) ou l’exercice des fonctions parentales (lieux d’accueil parents-enfants), sans oublier les aménagements des conditions de travail.
Dans un autre domaine, les débats actuels sur les questions de bioéthique (en particulier l’insémination artificielle pour toutes les femmes, la gestation pour autrui, l’euthanasie…) mettent au jour des enjeux graves pour la vie familiale. Les évolutions de la loi vont-elles permettre un renforcement heureux des relations familiales ou au contraire fragiliser les liens conjugaux et les relations entre les générations ? En particulier les enfants, mais aussi les personnes âgées, qui sont les plus fragiles seront-ils respectés dans leur dignité, eux qui seront les premiers à en connaître les conséquences ? Les changements auxquels nous assistons vont-ils susciter de nouvelles solidarités ou renforcer « un individualisme exacerbé qui dénature les liens familiaux » (AL 33) ?
Si « le bien de la famille est déterminant pour l’avenir du monde et de l’Église » (AL 31), on comprend que les chrétiens soient invités à prier : « pour que les décisions économiques et politiques protègent les familles comme trésor de l’humanité ».
Alain Thomasset, sj
Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris
Pour lire en intégralité l’Exhortation apostolique Amoris laetitia