Quand les personnes en grande précarité
participent aux réflexions sur la sécurité alimentaire
Famille Bartimée, et le Réseau Mondial de Prière du Pape France 
Groupe de la petite ville de Castanet-Tolosan en banlieue toulousaine, la Famille Bartimée rassemble des personnes qui ont connu ou qui connaissent encore l’exclusion, la précarité, la ‘galère’. Aujourd’hui, le groupe va plus loin que les rencontres fraternelles, et certains participent à la vie de la cité, en particulier dans les projets actuels de réflexion et d’engagement pour une sécurité sociale alimentaire.
2021, les responsables de Bartimée sont sollicités pour participer à la réflexion sur l’accès à une alimentation de qualité pour tous. Le groupe accepte dans la mesure où les personnes ‘en galère’ puissent participer totalement, donner leur avis, s’impliquer dès le départ.
Animation d’ateliers de cuisine de rue
C’est ainsi que Bartimée est sollicitée par Cocagne Alimen’Terre pour animer des ateliers de rue autour de la cuisine et de l’alimentation. « Au lieu de proposer des ateliers POUR tel ou tel public, nous avons choisi de co-animer des ateliers AVEC Bartimée. Cela nous a appris à adapter la manière dont nous parlons d’alimentation durable et dont nous cuisinons, pour aller plus loin dans l’objectif de rendre accessible à tous l’alimentation saine et locale. L’équipe Bartimée a apporté de la fraîcheur et de nouvelles idées aux animations. » Amandine Monteil, directrice de Cocagne Alimen’Terre.
« Avec Cocagne Alimen’Terre, nous avons co-animé des ateliers cuisine de rue. Moi, ça m’a permis de cuisiner, dans une ambiance chaleureuse. Ça m’a beaucoup appris, comment éviter le gaspillage, réutiliser les restes, apprendre de bonnes recettes pas chères. Ça aide les gens à remonter la pente » Bartimée
Participer à la réflexion sur la sécurité sociale alimentaire
En 2022, le projet de Caisse Citoyenne d’Alimentation émerge sur Toulouse. Elle vise à redonner une capacité d’action aux citoyens sur les questions d’alimentation, pour assurer un accès digne de tous à une alimentation de qualité et choisie, et soutenir les professionnels de l’alimentation engagés dans des pratiques durables.
Un groupe de citoyens se met en place sur le secteur. Invités, les responsables de Bartimée insistent pour que dès le départ du projet, c’est-à-dire dès la réflexion, les personnes en précarité participent. Ce qui n’est pas évident pour beaucoup de responsables. Après discussions, la présence de tous dès les premières réunions est validée. Aujourd’hui, cinq membres de Bartimée s’impliquent au rythme d’une réunion toutes les trois semaines. Jeanine, Éric, Galhy et Maxime, de Bartimée, font partie des habitants les plus actifs et engagés pour la construction de la caisse d’alimentation. Maxime y tient particulièrement : « Je me sens utile. Peut-être qu’on aidera à plus de justice, à faire changer les choses » Une autre témoigne : « La nourriture, c’est ce qui rassemble et permet la rencontre, qui nous unit quelque part, tout le monde en a besoin. Ils ont mis en place des choses qui viennent de notre groupe, de notre charte par exemple, ils nous ont laissé le temps de prendre notre place. On ne peut pas changer tout, mais on peut donner l’envie. »
« Leur participation est précieuse car elle apporte un regard particulier sur le projet et la solidarité. Jeanine, Éric, Galhy et Maxime ont traversé beaucoup d’épreuves dans leur vie et les ressources qu’ils ont mobilisées pour continuer à avancer sont autant d’atouts pour le projet. Face aux injustices sociales et à l’urgence climatique et environnementale, nous devons faire preuve de pugnacité pour ne pas sombrer dans la morosité et les membres de Bartimée sont des réservoirs de joie et de lumière. » Sarah Cohen, coordinatrice du projet Caissalim Toulouse.
Des engagements qui relèvent
Autant d’occasions pour les personnes de Bartimée d’aller à la rencontre de la cité, des institutions, des personnes, hors de de leurs cercles habituels, de créer des liens tout simples. « Dans la rue, on se dit bonjour, on s’arrête, on se parle. Le regard a changé, ça change tout, on se sent reconnus » témoigne une personne de Bartimée, tandis qu’un autre affirme : « C’est un soutien. Ce qui nous donne la force d’aller plus loin, d’avoir plus d’amis, d’ouverture. Rencontrer des groupes différents qui nous écoutent sans nous juger, ça nous redonne confiance. »
Cela permet aussi de faire changer de regard aux responsables des collectivités locales : « J’ai tellement appris ! Sur le fond, ce projet a fait vibrer l’empathie profonde tapie en moi. Prendre en compte les limites de l’autre, reconnaître son expertise et ses craintes. Sur la forme : l’accompagnement, les outils, les prises de parole, … La confiance s’est installée, un lien s’est tissé. Jeanine, Éric, Florine, Luc, Cathy, Margo, Marie-Claire (et d’autres) sont autant de personnes ressources. Ils sont de tous les projets. On les retrouve à l’espace de vie sociale, à l’instance de démocratie participative de la commune, au collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation, à l’association des circuits courts Castacroute, au jardin partagé… De chouettes personnes, un chouette chemin… » Nathalie Pluchon, Chargée de projet alimentation durable, Mairie de Castanet-Tolosan
Propos recueillis par la Famille Bartimée et le Réseau Mondial de Prière du Pape
Retrouvez des informations détaillées sur les sites :
https://securite-sociale-alimentation.org/
https://www.cocagnehautegaronne.org/