Les religieuses, des femmes lumineuses au sein des quartiers populaires
Claude Rochette, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Sur le quartier du Mirail à Toulouse, un secteur de 18000 habitants environ, pas moins de cinq congrégations religieuses étaient implantées, chacune avec leur charisme et leur forme d’apostolat. Telles des veilleuses, des gardiennes de la paix, elles étaient là, offertes au monde pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile.
Des femmes lumineuses par la qualité de leur présence.
Femmes lumineuses parce que dans les immeubles où vivait la communauté, il y avait un accueil, une main tendue, une oreille attentive et bienveillante, un cœur ouvert, un repère. « Où habites-tu ? » « Dans l’immeuble où il y a les sœurs. » On savait.
Femmes lumineuses parce qu’elles avaient une qualité de présence qui ne trompait pas. On sentait auprès d’elles un profond respect de l’être humain, de la personne humaine. C’était une présence qui faisait grandir en nous l’espérance et qui combattait l’exclusion. « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. » Is 43, 1- 7
Femmes lumineuses parce qu’elles priaient pour nous. Elles portaient dans leur prière communautaire les joies et les peines des familles, les difficultés des habitants du quartier. On le savait et cela nous a beaucoup soutenus, réconfortés. Elles nous ont appris à prier. « Seigneur apprends-nous à prier. » Lc 11,1
Femmes lumineuses parce qu’elles nous enseignaient l’Évangile, la Parole de Dieu. Elles la rendaient familière, compréhensible. On pouvait leur poser des questions, ‘nos’ questions, et elles nous expliquaient. Leur forme de vie communautaire témoigne déjà de leur foi, car elles ne craignaient pas d’annoncer l’Évangile sans pour autant faire du prosélytisme. On se sentait libre de poursuivre notre chemin de foi en étant accompagné si on le désirait. « Comprends-tu ce que tu lis ? » « Et comment le pourrais-je s’il n’y a personne pour me guider ? » Ac 8, 30-31
Femmes lumineuses parce qu’elles ne comptaient pas leur temps pour nous apprendre à relire notre vie avec méthode, application, fidélité. On se voyait grandir auprès d’elles. Les personnes avec lesquelles nous vivions – que ce soit en Église, dans les associations, à l’école, au travail, dans le quartier – se transformaient, devenaient visibles, osaient prendre des responsabilités.
Femmes lumineuses parce qu’elles offraient leur savoir-être et leur savoir-faire dans les associations de quartier pour promouvoir le vivre ensemble, les droits des femmes, l’alphabétisation, l’égalité des chances, l’accueil des étrangers… « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » Mt 25, 35-36
Le départ des religieuses a chagriné leur voisinage. C’est comme si une veilleuse s’éteignait.
J’ai habité ce quartier pendant 25 ans. J’y étais animatrice en pastorale. Avec ces femmes, je suis allée de découvertes en découvertes, à mon rythme, à ma mesure. Je me suis transformée peu à peu. Leur diversité m’a permis de connaître la variété des chemins qui conduisent à la connaissance du Dieu Trinitaire, à la solidité de son travail d’édification en nous.
Les sœurs vivaient en communauté et elles ont beaucoup œuvré pour la communauté ecclésiale au sens large du terme ; ensemble nous étions les maillons d’une chaîne sans fermoir.
Le départ des religieuses a chagriné leur voisinage. A chaque fois, c’est comme si une veilleuse s’éteignait. Un grand travail d’évangélisation s’est accompli. C’est pour cela que tout ce qu’elles ont semé germe çà et là et que de nouveau lumignons s’allument.
Avec elles, les vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité, étaient pleines de sens et pas seulement de froides définitions.
Merci à elles pour tout cela, à leur esprit d’audace, de fête et de joie, sans lequel rien n’aurait pu se réaliser.
Claude Rochette, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France