Louer le Créateur, c’est déjà protéger sa création
Claire, Equipe France
Le père François-Régis Fine, ingénieur chimiste de formation, devenu franciscain, se passionne pour l’écologie et a écrit de nombreux articles sur le sujet. Il a fait paraître tout récemment le livre « Jésus et la création ».
Son propos nous aide à prendre du recul sur cette intention qui nous invite à prendre conscience de la richesse des mers et des océans et de leur fragile avenir. Il l’éclaire sous un autre angle l’intention, nous invitant à prendre toute notre place et à servir ce défi qui vise autant à protéger la Création qu’à louer le Créateur.
Est-ce que l’émerveillement est suffisant pour nous aider à voir les défis écologiques qui sont devant nous ?
L’émerveillement est une bonne base de départ, dans le sens où ça nous rend modeste, car la création n’est pas d’abord une question, mais un fait, une réalité d’une ampleur extraordinaire, prodigieuse en intelligence, de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Cette modestie est propre à calmer les ardeurs de l’esprit à vouloir expliquer ce monde sans en avoir pris suffisamment la mesure.
Qu’avez-vous découvert de la vision chrétienne et franciscaine par rapport à la création ?
Ce qui m’a beaucoup touché, c’est le fait que dans le projet du Créateur, c’est le Christ qui est visé. Cela est une constante de la tradition chrétienne. L’auteur de la Création, en faisant cet acte de création, a en vue une reprise de toute cette création dans le Christ. Cette première création n’est pas à regarder fermée sur elle-même. Elle est ouverte et pleine de potentialités en vue de cette nouvelle création. Cela élargit la vision que l’on peut avoir du Christ qui est venu pour tout reprendre et amener à Dieu. On n’est pas simplement des hommes de morale, mais des hommes de destinée. Nous entrons dans un projet qui nous précède, comme la création elle-même.
Un deuxième aspect qui m’a touché, c’est la vision de l’homme comme médiateur, c’est-à-dire chargé de faire grandir toutes les potentialités que le Créateur a mises dans la création. Il ne s’agit pas seulement d’être reconnaissant, et de vivre pauvrement, mais il s’agit de prendre conscience de la richesse de ce qui a été déposé dans cette création et de contribuer à son développement pour faire surgir tout ce qui en elle permet à l’humanité de vivre pleinement sa vocation. Elle est pleine de potentialités, et nous sommes comme des ‟accoucheurs” qui doivent faire ressortir ces potentialités.
Le troisième aspect qui m’a touché, c’est l’encouragement à louer le Créateur. Là on rejoint saint François, car nous sommes faits, nous et toutes les créatures, pour louer Dieu.
Pour notre société de demain, que voyez-vous comme réponses face aux problèmes écologiques et économiques ? Faut-il consommer plus, travailler plus ?
Bien que depuis 30 ans un travail considérable ait été fait sur notre rapport à la nature (réflexions, remise en question, examen de conscience), je crois que les problèmes écologiques sont encore devant nous. Quand il y aura des catastrophes, des changements climatiques, la montée des océans, la question deviendra urgente.
L’écologie nous apprend à réduire notre pression sur la nature. On est en train de la pressuriser, et à la fin elle dira : « Ça suffit ! ». C’est pourquoi je réponds : ‟surtout pas!” Faire ainsi c’est tout à la fois augmenter notre pression sur la terre et augmenter le chômage. La bonne réponse écologique et économique est « travailler moins, mieux, tous », et dans le temps ainsi libéré, faire place à une activité non marchande (bénévolat, hobby…)
Derrière ce que vous nous dites là, quelle est votre vision de l’homme ?
L’homme est appelé à une vocation extraordinaire, à une vie avec Dieu, lui qui a tout créé. Il nous faut développer tout ce que le Christ nous révèle de la vie de Dieu en nous, qui nous est déjà donnée en potentialité par le Créateur : cette ouverture à la vie divine, à l’amour.
Cette idée de vie avec Dieu, c’est l’évangélisation qui la donne. Cela fera diminuer les tensions dans le monde, et on partagera plus volontiers. L’évangélisation est très importante, c’est ce qui doit venir en premier, de manière à ce qu’on puisse partager le travail, les richesses de ce monde, en adhérant à un projet spirituel. On courra moins derrière les illusions de la richesse matérielle.
Claire, Equipe France
Avec l’accord du P. F-R Fine, ces propos sont issus du site
