Mais pourquoi donc viennent-ils chez nous ?
Mariette
Le Pape nous demande ce mois-ci de prier pour que nous entendions le cri des migrants. Et comment nier qu’ils sont nos frères, qu’ils sont nos sœurs ? Pourtant, si j’écoute la petite voix dans le fond de mon cœur, j’ai un peu de mal : fraternité, bien sûr. Mais pourquoi pas à distance ? Je voudrais bien qu’ils restent au loin et n’empiètent pas sur mon territoire.
Pour m’aider dans la prière, je peux lire ce témoignage. Entrer en contact direct avec une personne, c’est déjà lui ouvrir une porte. Ouvrir la porte, c’est déjà prier.
« Je m’appelle Hana, je suis éthiopienne, chrétienne orthodoxe et j’ai 28 ans. Je travaillais dans l’administration pour gérer les permis de construire. J’avais un bon métier et je vivais avec ma famille qui est nombreuse et heureuse. Dans le cadre de ma profession, j’ai été témoin de plusieurs malversations et de cas de corruption pour spoliations de terres. A l’instar de mes collègues, j’ai protesté plusieurs fois auprès de mes supérieurs et dénoncé ces méfaits.
Un jour ma vie a basculé. Le 23 mars 2016, j’ai été enlevée dans la rue et pendant 15 jours j’ai été détenue et maltraitée avant d’être libérée. J’ai repris mes activités, mais plus rien n’était comme avant. J’avais peur. Je ne pouvais pas dénoncer mon enlèvement à la police qui ne m’aurait pas crue, et pas protégée. Je me doutais qu’il y avait un lien avec mes dénonciations de l’administration. J’ai cru que j’allais tomber malade.
Avec l’encouragement de ma famille, j’ai finalement décidé de quitter mon pays, après avoir rassemblé l’argent nécessaire au voyage et obtenu un visa. Des compatriotes m’ont conseillé de venir en France parce que c’était un pays où je pourrais exercer mon métier. Maintenant j’attends.
J’ai appris le français et je continue à l’étudier à l’université. J’ai trouvé des compatriotes ce qui me permet de pratiquer ma religion et de me ressourcer. Je contacte ma famille par Skype. Mais je pleure quand je pense à ma mère. Il est difficile pour moi d’arriver à connaître d’autres jeunes ici, et je ne sais pas quand je pourrai travailler à nouveau. J’ai surtout très peur de ce qui peut m’arriver si je n’obtiens pas le droit d’asile. Je ne sais pas ce que je pourrais faire dans ce cas car je n’oserai jamais retourner en Ethiopie. Je prie beaucoup pour que Dieu m’aide. »
Témoignage recueilli par la délégation du Secours catholique Ariège Garonne dans le cadre d’une sensibilisation du public lors de la Journée des migrants.
Mariette, pour le Secours Catholique Ariège-Garonne
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