Maman adoptante,
un amour qui accompagne les souffrances et apaise
Marie-Christine Frappé, et le Réseau Mondial de Prière du Pape 
Marie-Christine et Pierre ont adopté neuf enfants, venus de tous les coins de la planète. Enfants qui ont vécu la souffrance de la séparation, de l’abandon, joies d’une famille pas tout à fait comme les autres. Accompagner sans relâche, guider, redonner confiance, tel est le cap tenu.
Être une maman adoptive, c’est être une Maman. Je prends juste le relais d’une autre maman. De mon futur enfant, je ne sais ni l’âge, ni la couleur, ni la date d’arrivée… et tant d’autres inconnues ! Mais l’enfant dans mes bras devient Mon enfant, la chair de ma chair.
Petits, nos enfants demandaient à qui venait d’avoir un bébé : « Toi tu l’as fait ou tu es allé le chercher ? » Deux manières de naître naturellement… Adopté à sept ans en Roumanie, notre fils rêvait d’un papa et d’une maman. Pourtant, il ne savait pas ce que c’était !
La vie dans l’orphelinat roumain était très dure. Arrivée à quatre ans, notre fille, si peu sortie de son lit, marchait à peine. Sans couches ni hygiène, toujours nourrie au biberon, elle ne savait pas mastiquer. Silencieuse car personne ne lui avait parlé. Notre fils a commencé à parler quand on lui a dit qu’il allait avoir des parents. Il n’a été scolarisé qu’en France. Aujourd’hui, ils s’en sortent malgré des séquelles.
Accueillir les angoisses
Être une maman adoptive c’est être plus attentive à d’autres questionnements : « Pourquoi tu ne m’as pas fait dans ton ventre ? », « Pourquoi mes parents de naissance ne se sont pas occupés de moi ? »…
L’amour d’une maman adoptive apaise, cicatrise la blessure profonde de l’abandon. On ne connait jamais les raisons : grande pauvreté, grossesse adolescente ou hors mariage, trop d’enfants, viol… Un de mes enfants disait : « Ma mère de naissance peut être une reine ou une putain ». Pour lui, c’était une grande source d’angoisse.
Et remettre debout
La blessure se réveille différemment d’un enfant à l’autre. Certains ont une merveilleuse capacité de résilience. Ils regardent devant et se servent de notre amour, du soutien et de la rigueur, de la famille et des amis et bâtissent peu à peu leur vie. Même fragilisés à certaines étapes, l’adolescence ou la naissance d’un enfant, ils avancent.
D’autres sont habités par une angoisse profonde, tenace et envahissante : « Pourquoi ils ne m’ont pas aimé, rejeté ? C’est que je ne suis pas aimable »… Difficile pour eux de s’aimer et d’aimer les autres. Ils se font mal comme si la souffrance allait combler le trou béant en eux.
Alors, on dit et redit le peu qu’on sait des origines, relecture indispensable qui ne suffit pas : il faut regarder derrière sans marcher à reculons. Nos enfants dont le passé est un boulet sont davantage en souffrance. L’arrivée de leur premier enfant peut être un défi…
Alors être une maman adoptive, c’est être emplie de bienveillance et d’amour pour accompagner sans relâche, pour donner la confiance en eux, guider, veiller. Parfois ré-orienter, gronder, gueuler… ! Toujours remettre debout, marcher avec lui.
J’ai la chance d’avoir un mari avec qui nous avons vécu notre vie en nous serrant les coudes, nous soutenant mutuellement pour aider notre enfant qui va mal, qui fait des bêtises, parfois lourdes ! Malgré le « certificat de parent parfait » de l’agrément d’adoption, il faut des professionnels adaptés pour accompagner notre enfant, et nous faire accompagner comme parents. C’est un soutien et un relai indispensable. Nous sommes des parents ordinaires et on oublie vite qu’il y eut une adoption !
Devenu adulte, l’enfant découvre que la blessure de l’enfance ne sera cicatrisée ni par les parents, ni les médecins. À lui de décider de bien vivre avec elle, même si c’est dur et injuste.
Jésus ne nous lâche jamais
En Roumanie, notre livre de chevet était l’évangile du jour. Le jour où nous devions nous rendre à l’orphelinat pour découvrir notre fille, Jésus disait : « Et moi, je suis avec vous tous les jours ». Combien de fois avons-nous reçue cette promesse, aujourd’hui encore ! Elle nous a portés. Jésus ne nous lâche jamais et, avec lui, ce que nous faisons devient ce que nous devions faire !
Nos enfants nous donnent d’immenses bonheurs et leurs souffrances sont devenues les nôtres. Quelle merveilleuse et difficile aventure ! 43 ans après nos premières adoptions, quelle vie palpitante des plus originales : neuf enfants nés en Colombie, au Pérou, en Roumanie ! Aujourd’hui, ils nous donnent de chérir sept petits-enfants. Amen ! Alléluia !
Marie-Christine Frappé, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France