Mission de rue, mission héroïque ?
Denis Corpet, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Denis, paroissien ordinaire de Toulouse, a fait l’expérience de proclamer la bonne nouvelle dans la rue. Il évoque pour nous ses réticences, mais aussi les joies de l’annonce et de la rencontre. Cet appel de la paroisse aura été vécu comme un appel à vivre quelque chose qui n’allait pas de soi au départ mais qui avait le goût de l’évangile. Vécu dans une certaine forme d’obéissance.
Je suis tombé dans une paroisse « à-fond-pour-la-mission » ! Au lieu de nous laisser tranquillement venir à la messe, de nous inciter à y participer et de nous proposer quelques bonnes œuvres, notre paroisse veut embraser le monde. C’est écrit noir sur blanc dans sa « vision pastorale », un petit tract que l’on m’a remis il y a cinq ans, concocté par une équipe de laïcs.
Sortir dans la rue pour parler de Dieu avec les passants, c’est vraiment héroïque !
Se laisser bousculer
En théorie, diffuser la Bonne Nouvelle, je ne suis pas contre : mettre des panneaux dans l’église avec des phrases d’évangile, pourquoi pas ? Ça ne fera pas de mal aux touristes qui visitent la cathédrale. Et m’efforcer d’imiter Jésus dans ma façon de vivre, avec simplicité et générosité, c’est aussi un témoignage, non ?
Mais sortir dans la rue pour parler de Dieu avec les passants, c’est vraiment héroïque ! Que vont penser les gens de moi ? Ils vont se dire : « Encore un illuminé ! »
Mais il insiste, notre curé, dans ses homélies. Et en faisant les annonces après la messe, j’ai dû le dire au micro : « Samedi prochain, rendez-vous à 9h pour une mission de rue dans le quartier », et c’est une fois par mois. Ce qui a vaincu ma résistance, ce sont ces paroissiens jeunes et sympas qui m’ont invité par SMS : « Tu ne viendrais pas demain matin, toi, Denis ? »
Me savoir aimé de Dieu … Comment garder pour moi ce trésor ?
Qui leur dira ?
Alors j’ai fini par essayer, car au fond, qu’est-ce que je risque ? Et puis c’est vrai, le Christ nous demande d’annoncer le royaume, de proclamer la bonne nouvelle. Et puis c’est vrai que l’Église se rétrécit et que l’Évangile est oublié. Et pourtant, cette foi me fait vivre : me savoir aimé de Dieu, que je vois à l’œuvre en moi et autour de moi, et tenter de suivre Jésus, ça me fait vivre heureux. Comment garder pour moi ce trésor ? Ou n’en parler qu’à des chrétiens, déjà convaincus. Si je le tais aux autres, qui leur dira ?
Voilà comment je me suis retrouvé, après une formation-express, envoyé en mission pour une heure, en binôme avec une jeune inconnue qui l’avait déjà fait.
Des rencontres spontanées et en profondeur
Et alors, qu’est-ce que ça m’a fait ? Bien sûr on a eu pas mal de « je suis pressé », ou de « non merci » polis. Mais j’ai fait de belles rencontres, très belles. C’est incroyable comme ceux qu’on aborde pour parler de Dieu répondent en profondeur. Ils disent aussitôt ce qu’ils ont au fond du cœur : c’est lourd souvent, joyeux parfois. Alors on écoute, on compatit ; on répond aussi, des mots venus du cœur. S’ils sont d’accord, on prie parfois avec les gens, ou pour eux. Et on les invite, pas forcément à la messe, mais à une rencontre, une prière…
Mon plus beau souvenir ?
Cette étudiante, Émilie, place des Carmes : nous l’avions bien écoutée, et à la fin, à sa demande, j’ai prié tout haut pour elle, les yeux vers le ciel. J’ai demandé au Seigneur (qu’elle ne connaissait pas) de la guider avec douceur pour qu’elle trouve son chemin dans la vie. Après coup, ma binôme m’a dit que les larmes coulaient sur les joues d’Émilie…
Merci Seigneur pour ces rencontres, merci de me donner d’être ainsi ton messager, témoin de la peine et de la joie de mes frères, et artisan de ta paix dans les rues de Toulouse. Merci de m’avoir donné de sortir de ma zone de confort, et donne-moi le courage de le refaire, pour écouter tes enfants et leur dire ta présence et ta tendresse.
Denis Corpet, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France