Mon corps m’appartient-il ?
Le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Prions pour que, face aux nouveaux défis de la bioéthique, les chrétiens promeuvent toujours la défense de la vie par la prière et l’engagement social.
Bien sûr qu’il m’appartient puisque c’est moi ! En réalité, en France notamment, il n’en est pas ainsi : nous ne pouvons pas vendre par exemple une partie de notre corps (sang, sperme, organe, …) ; c’est bien que nous ne sommes pas vraiment propriétaires de notre corps. Peut-être n’en sommes-nous que les usufruitiers. La réponse à cette question est le socle de tout dispositif législatif en matière de développement et usage des biotechnologies en relation avec la personne humaine.
Sans limites législatives, le corps humain pourrait devenir bien vite un matériau
Les premières lois de bioéthique pour la France en 1994 ont été rendues nécessaires par l’évolution des biotechnologies. L’avancée des sciences et des techniques a fait que l’on a commencé à « toucher » au corps humain pour d’autres fins que le soin. C’est ainsi qu’a été conçu l’article 16 du Code civil pour la protection et le respect du corps humain : « La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie. » Cet article 16 garantit le respect et la protection de la personne physique. Le corps n’est ni instrumentalisable, ni monnayable, ni à la libre disposition de sa propre volonté. Sans cette protection législative, le corps deviendrait vite un simple matériau.
Liberté, dignité, solidarité
Dans une société de plus en plus individualiste, chacun a envie de décréter qu’il est propriétaire de son corps. J’ai un corps et je suis libre d’en disposer. Mais il y a un rapport intime entre la dimension physique du corps et le principe abstrait de la personne (âme, esprit, …). Si j’ai un corps je suis libre d’en disposer, mais si je suis un corps, je ne peux pas en user de la même façon. Le droit en France n’a pas souhaité séparer le corps-matière de la personne humaine. Dans ce pays, la législation fait que l’on est un corps et non que l’on possède un corps. Le corps n’est pas un objet, c’est un sujet : qu’il soit vieux, handicapé, malade, il est soumis à cette indisponibilité.
Ce qui a une dignité n’a pas de prix. Ce qui a un prix a une valeur marchande et n’a de ce fait pas de dignité en soi. Dans notre société contemporaine, il nous faut choisir les valeurs que l’on met en avant, et qui se traduiront concrètement dans les lois.
Oui, mais le don d’organes par exemple se conforme-t-il alors complètement au respect de la dignité du corps humain ? Certains usages du corps sont justifiés par la solidarité entre les hommes ; c’est pourquoi l’Homme, du fait de sa conscience éclairée, a autorisé certaines transgressions à l’interdit fondamental de ne pas toucher au corps humain. Le don gratuit et volontaire permet au donneur de faire l’expérience de redonner la vie à l’autre.
On voit bien que l’on ne peut pas s’en tenir à un seul critère, une loi fondamentale ; chaque avancée de la science et de la technique oblige à se reposer des questions essentielles, notamment à partir des valeurs de liberté, dignité et solidarité.
Le Réseau Mondial de Prière du Pape en France,
avec l’aide de Vincent Grégoire-Delory,
Doyen de la Faculté Libre des Lettres et des Sciences Humaines de Toulouse,
et Directeur de l’École Supérieure d’Éthique des Sciences et de la Santé de Toulouse
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