1707 – Le Sacré-Cœur en Chine et Extrême-Orient
La dévotion « privée » au XVIIe siècle, devient de plus en plus publique au XVIIIe. Les Visitandines continuent à supplier de Rome l’autorisation d’une fête du Sacré-Cœur. Clément XI les invite en 1707 à patienter, tout en louant leur zèle. Cependant, la même année, un missionnaire jésuite alsacien, Romain Hinderer, élève en Chine la première église dédiée au Sacré-Cœur, à Hangzhou. Le culte du Sacré-Cœur se répand ainsi en Extrême-Orient… Parfois, les choses vont plus vite aux marges de l’Église qu’en son cœur !
1720 – En Europe, Marseille
En Europe, c’est à Marseille que le culte du Sacré-Cœur va recevoir une nouvelle impulsion. Avec Mgr de Belsunce, son évêque, la Visitandine Anne-Madeleine Rémuzat fonde l’Association de l’adoration perpétuelle du Sacré-Cœur de N.S Jésus-Christ : à sa mort en 1730, elle comptera plus de 60 000 membres. Elle écrit des Litanies du Sacré-Cœur, fréquemment priées. La grande peste qui ravage Marseille en 1720 l’incite à répandre des milliers d’images du Sacré-Cœur (dites « sauvegardes ») en tissu. Le 1er novembre de la même année, l’évêque mène une immense procession et consacre sa ville au Sacré-Cœur ; c’est une première mondiale, fêtée encore aujourd’hui.
1720 – Au Liban
La dévotion au Sacré-Cœur continue de se répandre dans les maisons religieuses du monde entier. Ainsi, de l’autre côté de la Méditerranée, un moine libanais, Germanos, compose dans les années 1720 une très belle hymne au Sacré-Cœur en arabe : « Gloire à toi, Cœur sacré, océan de délices ! L’enfer lui-même, s’il recevait en ses abîmes une goutte de tes parfums, se changerait en paradis. Hélas ! Quand donc t’aimerai-je sans mesure ? » Germanos, devenu évêque maronite d’Alep, continuera à répandre la dévotion au Proche-Orient, pourtant conservateur.
1758 – Vers une fête universelle
En 1726-1727, les rois d’Espagne et de Pologne écrivent au pape Benoît XIII pour lui demander une fête universelle du Sacré-Cœur. Il refuse, mais il prend une décision qui aura un impact majeur plus tard : il autorise à Rome la constitution d’une confrérie du Sacré-Cœur que rejoint un homme qui deviendra, en 1758, le pape Clément XIII. Or, c’est ce dernier qui approuvera en 1765 pour toute l’Église une Messe votive et un Office du Cœur de Jésus, qui restent facultatifs.
En France, les Jésuites continuent à être zélateurs du Sacré-Cœur : le Père Joseph-François de Gallifet publie un ouvrage en latin puis en français pour favoriser la dévotion. En 1733, il dénombre 400 confréries du Sacré-Cœur en France ; en 1745, plus de 700. Lecteur de Gallifet, le jeune jésuite espagnol Bernardo Francisco Hoyos voit le 10 mai 1733 l’Archange saint Michel lui indiquer comment répandre la dévotion au Sacré-Cœur en Espagne et en Europe. Béatifié en 2010, il mène une vie discrète mais zélée, mourant peu après son ordination sacerdotale.
En 1758, une autre publication connaît un immense succès, qui pèsera lourd dans l’approbation romaine de la solennité du Sacré-Cœur : les Neuvaines du Sacré-Cœur que S. Alphonse-Marie de Liguori fait imprimer à Naples ; elles sont tout de suite traduites dans de multiples langues étrangères. La dévotion est désormais vraiment sortie des couvents ou des confréries nobles et se répand parmi les fidèles. Désormais, le Cœur de Jésus est aussi un refuge pour les plus pauvres.
Entre 1762 et 1764, des centaines d’évêques écrivent du monde entier à Clément XIII pour demander une fête universelle du Sacré-Cœur, le 3eme vendredi après la Pentecôte : Espagne, Pologne, Italie, Portugal, États pontificaux, Proche-Orient, Canada, Mexique. Stanislas, roi de Pologne et duc de Lorraine, se joint à eux. Mais les Jansénistes en France s’y opposent ; ils raillent les Jésuites et freinent le processus. En 1765, la solennité du Sacré-Cœur devient possible, sans être obligatoire.
1856 – Pie IX instaure une fête universelle
Il faudra attendre le 25 août 1856, pour qu’à la demande des évêques français, Pie IX instaure une fête universelle du Sacré-Cœur de Jésus. Il aura fallu deux siècles. Des dizaines de congrégations religieuses, comme celle de Sophie Barat, portent le Sacré-Cœur au bout du monde. Écoles, hôpitaux, et missions : le Cœur de Jésus peut être partout aimé.
1925 – Ste Faustine Kowalska
Jésus apparaît à Marie Faustine Kowalska à Cracovie-Lagiewniki en Pologne. Il lui dit : « Aujourd’hui je t’envoie vers toute l’humanité avec ma miséricorde. Je ne veux pas punir l’humanité endolorie, mais je désire la guérir en l’étreignant sur mon cœur miséricordieux » (P.J 1588). Il lui montrera son cœur et lui dira : « L’humanité n’aura de paix que lorsqu’elle s’adressera avec confiance à la Divine Miséricorde ».
A travers le Cœur du Christ crucifié, la miséricorde divine atteint les hommes : « Ma fille, dis que je suis l’Amour et la Miséricorde en personne ». Faustine sera béatifiée en 1993, et canonisée en 2000 par Jean-Paul II. Par son intermédiaire, le Seigneur Jésus transmet au monde entier le grand message de la Miséricorde Divine et invite chacun à bâtir sa vie sur l’amour de Dieu, dans une attitude de compassion envers le prochain.