Petit lexique de la non-violence
Marianne Cébron, Réseau Mondial de Prière du Pape en France
A l’origine de la non-violence, il n’y a pas la vision utopique d’un monde sans lutte et sans affrontement. Les partisans de la non-violence tentent de faire avancer une cause qu’ils estiment juste, tout en résistant au recours à la violence. Pour Alain Richard, « il s’agit de reconnaître l’unité de l’humanité et par conséquent la dignité de tous, même des serviteurs de l’injustice1. »
Conflit
Le conflit est inhérent à l’humanité et relève de l’apprentissage, de l’expérience de l’altérité. Conflit et violence ne sont pas à confondre. « La violence est un dysfonctionnement dans la résolution du conflit1. »
Christian Mellon sj., dans un article pour la revue Projet2, invite pour sa part à distinguer force, agressivité, violence.
Force
La notion de force est ambivalente. « Le fait que les notions de force et de violence soient si souvent confondues peut s’expliquer par l’habitude d’utiliser le mot ‘violence’ comme un intensif de ‘force’2 » et de les situer dans une continuité. Mais Gandhi, lorsqu’il a voulu caractériser les modes d’action non violente dans ses luttes pour l’indépendance de l’Inde, a forgé le mot Satyâgraha soit « la force de la vérité ».
Agressivité
« Elle renvoie au registre de la psychologie2 » et peut être comprise comme une énergie et une puissance d’affirmation de soi. Elle doit être accueillie et apprivoisée pour en éviter les débordements. Comme la force, elle permet de faire face à un opposant dans un conflit et les non-violents n’en sont pas dépourvus.
Violence
Pour Christian Mellon, « chacun s’accorde à utiliser le mot ‘violence’ pour désigner une atteinte à la vie ou à l’intégrité physique d’un être humain dès lors […] qu’une responsabilité humaine y est engagée. Le consensus est également assez large sur une définition incluant des atteintes au-delà des aspects physiques2 » (intégrité morale, psychologique…).
Non-violence
La non-violence peut dès lors être comprise à la fois comme une qualité d’être et comme une méthode pour agir car non-violence ne rime pas avec passivité ou laisser-faire. Elle requiert en premier lieu un travail intérieur, une prise de conscience de ses besoins, de ses désirs, de ses pulsions pour pouvoir se présenter devant l’autre et le regarder comme un semblable. Ensuite ses partisans ont développé de multiples moyens d’action – jeûne, grève, boycott, cercle de silence, marche, présence auprès de personnes menacées, campagne de courrier, etc -.
On peut parler de culture de la non-violence car c’est quelque chose à cultiver en soi, à faire grandir et à transmettre.
Marianne Cébron, Réseau Mondial de Prière du Pape
(1) Alain Richard, « Une vie dans le refus de la violence », Albin Michel, Paris, 2010, p.190 et 92.
(2) Christian Mellon, Revue Projet n°390, oct-nov 2022.