Pour l’amour de Bethléem, ma ville emmurée
Marie-Claire, Equipe FranceVéra Baboun, Palestinienne chrétienne, mère de 5 enfants, professeur d’université, est, depuis 2012, maire de Bethléem, ville au coeur du message chrétien depuis deux millénaires. Son souhait à travers le livre dont nous vous proposons des extraits est « de diffuser au monde le message que la ville porte en elle depuis la Nativité, celui de la paix. » Il met en évidence la condition des chrétiens dans cette ville emmurée.

Edition Bayard,
collection Société,
novembre 2016
15.90€
Extraits :
Une ville emmurée
« Bethléem a bien changé. Du côté de Jérusalem, un mur de 8 mètres de haut nous enferme de plus en plus hermétiquement. […] » p23
« Chrétiens ou musulmans, à Bethléem, nous avons toujours vécu ensemble. Quand j’étais jeune, tous mes voisins étaient musulmans et nous entretenions les meilleures relations du monde. Ils venaient chez nous, j’allais chez eux. […] Aujourd’hui, face au mur, quelle que soit notre religion, nous, Palestiniens, sommes tous logés à la même enseigne. Un certain nombre de permis nous sont attribués lors des fêtes religieuses, mais quand il s’agit d’aller prier dans les Lieux saints, rendre visite à la famille, à des amis, consulter un médecin, subir une opération ou une dialyse dans un établissement spécialisé de Jérusalem, dont le centre se trouve à moins de 9 kilomètres de Bethléem, nous devons demander un permis spécial aux autorités israéliennes. Celles-ci peuvent nous l’accorder pour quelques heures, quelques jours ou quelques mois (dans le cas d’un permis de travail), ou ne pas l’accorder du tout. Qu’ils soient chrétiens ou musulmans, tous nos jeunes âgés de moins de 29 ans ont les plus grandes difficultés à l’obtenir.
Nous assistons à l’émergence d’une ‟génération du mur ” contrainte à l’enfermement. L’église du Saint Sépulcre est maintenant hors de portée d’une génération de jeunes chrétiens palestiniens, qui n’y ont jamais prié ! » p24-25
Chrétiens de Bethléem, étendard de la paix, ses gardiens et ses défenseurs
« Bethléem est le paradis des non-désirés. Le paradis des rejetés. Nous abritons la « crèche », un foyer qui accueille les enfants nés hors mariage ; et aussi un abri, animé par des sœurs, qui reçoit des femmes battues ou violées qui viennent de toute la Palestine ; un excellent hôpital pour enfants retardés mentaux ; un autre, nouveau, pour traiter les addictions à la drogue… Pourquoi ? Parce que la pitié, la paix, l’amour, sont le Credo de la Nativité. C’est là-dessus que nous sommes bâtis. Nous sommes là, chrétiens de Bethléem, pour rappeler au reste du monde ce qui s’est passé ici. Bethléem n’est pas seulement une ville, c’est une façon d’être, un onguent de paix qui ne demande qu’à se répandre sur la planète. Hélas, aussi longtemps que notre ville, qui fut le berceau du Prince de la paix, sera emmurée, la paix ne règnera pas. Nous sommes l’étendard de la paix, ses gardiens et ses défenseurs. Nous ne méritons pas cette disgrâce. A Bethléem se trouve la Grotte où notre Seigneur, par sa naissance, a changé le calendrier du monde ! L’humanité pouvait en faire bon ou mauvais usage ; mais ce fut le signal d’une civilisation nouvelle, d’une lecture nouvelle de notre destinée. Puisse le monde s’en apercevoir avant qu’il ne soit trop tard. » p 187-188
Marie-Claire, Equipe France