Avec sainte Bernadette, prier et oser la rencontre avec le plus exclu

 Père Patrice est aumônier de « Bonne Nouvelle Quart Monde ». Il nous propose un chemin pour aller à la rencontre d’une personne qui vit la pauvreté ou l’exclusion, uni à sainte Bernadette qui a connu elle aussi le rejet et la pauvreté.

Je me mets en prière à l’école de sainte Bernadette

Je demande à sainte Bernadette son regard, sa disponibilité, sa simplicité, son humilité pour me mettre à son école. Et je me rappelle ce qu’elle a été… Entre 10 et 14 ans, Bernadette Soubirous, née à Lourdes en 1844, sombre avec sa famille dans une misère destructrice, avec les insultes, le mépris, la faim, le froid, les accusations calomnieuses dont celle qui conduit son père en prison jusqu’à ce qu’il soit innocenté, et le « cachot » comme logement infect et la grave dégradation de sa santé, la privation d’école, l’impossibilité du catéchisme qui l’empêche de recevoir la communion dont elle avait pourtant un si grand désir.
Bien plus tard, Bernadette explique que s’il y avait eu à Lourdes une fille plus pauvre et plus ignorante qu’elle, c’est à cette dernière que la Vierge Marie aurait choisi d’apparaître. Même après sa mort à Nevers, mère Marie-Thérèse Vauzou, la supérieure générale, qui avait pourtant accueilli Bernadette avec bienveillance, ne cache pas sa désapprobation : « Je ne comprends pas que la Sainte Vierge se soit montrée à Bernadette, il y a tant d’autres âmes si délicates et si élevées ! » …

Je vais à la rencontre d’une personne exclue

Je prends le temps de regarder autour de moi, dans mon immeuble, quartier ou village. Y a-t-il une personne ou une famille qui reste à l’écart, qui peut-être suscite des murmures, des craintes ou le sentiment qu’on ne peut rien pour elle ?

Je me mets à prier secrètement, quotidiennement et dans la durée. Je la confie au Seigneur, j’appelle l’Esprit Saint à me faire découvrir du positif à son sujet et à me proposer un chemin de rencontre.

Au moment choisi par l’Esprit – je me laisse guider par les événements et mes découvertes -, je fais la démarche fraternelle qu’Il me propose, probablement extrêmement modeste au début.

En cas de réaction hostile, je me suis préparé à rester dans la Paix et l’Espérance du Christ. Je me réjouis car ainsi je communie déjà un peu à ce qu’elle vit ; je me laisse tester le temps qu’il faut et sans me décourager, je prends la mesure du poids de l’exclusion et de la misère, j’apprends à aimer, je recommence délicatement.

Si la réaction est d’emblée bienveillante ou qu’elle le devient, je me suis préparé à prendre le temps d’écouter, de connaître, d’apprendre d’elle avant de vouloir répondre à des besoins qui me paraissent évidents mais qui ne sont pas nécessairement les siens. Je me prépare aussi à recevoir un jour un cadeau, une aide, un geste fraternel ; car la plus grande pauvreté, c’est de ne rien avoir à donner aux autres. En me mettant en situation de recevoir, je lui fais un immense cadeau.

Avec Bernadette, je me tourne vers Marie et lui confie ma démarche

« Tendre Mère, vous vous êtes abaissée jusqu’à terre pour apparaître à une faible enfant. […] Vous, la Reine du Ciel et de la Terre, vous avez bien voulu vous servir de ce qu’il y avait de plus humble selon le monde. » Sainte Bernadette, Journal dédié à la Reine du Ciel, 1866.

Oui, Notre Seigneur révèle des merveilles aux tout-petits ! Nous avons bien du mal à les reconnaître mais elles sont aussi pour nous… à condition d’aller à la rencontre de ces tout-petits avec écoute, patience et Espérance.

Puis-je m’exclamer, au terme de ce parcours avec sainte Bernadette…

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. » (Mt 11,25-26)

Père Patrice Mabilat

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