Ré-apercevoir la source qui nous est commune
Etienne Grieu, et le Réseau Mondial de Prière du Pape France
Depuis quelques années je participe aux travaux du Groupe des Dombes : il s’agit de rencontres annuelles d’une quarantaine de théologiens et acteurs de l’œcuménisme, pour moitié protestants et pour moitié catholiques. Nous réfléchissons sur des questions qui, potentiellement, divisent nos Églises, et nous échangeons jusqu’à produire des formulations dans lesquelles nous nous retrouverons quasiment tous (le dernier texte ainsi rédigé porte sur la « catholicité », il sortira à la fin de cette année).
Ce qui me paraît particulièrement intéressant, c’est que cela invite à adopter d’emblée une attitude où l’on présuppose que l’autre, celui qui relève d’une autre tradition ecclésiale que la mienne, porte quelque chose de précieux, qui vient de Dieu et que je peux entendre ; même si cela risque de froisser mes oreilles.
De fait, lorsque chacun entre dans cette attitude, alors, les questions difficiles prennent un autre relief. Non pas que les problèmes soient éclipsés comme par enchantement, mais on commence à comprendre ce qui a pu amener à de telles différences entre nous et, par-delà celles-ci, nous apercevons la source qui nous est commune.
Une telle attitude se cultive, elle n’est pas spontanée ; et elle demande une décision afin qu’on l’honore véritablement. Mais quels fruits elle produit ! Beaucoup de blocages sont levés, et ce qui paraissait être des montagnes insurmontables ou des gouffres sans fond sont ramenés à des proportions bien plus modestes.
Est-il illusoire d’imaginer que cette attitude ne reste pas réservée aux exercices bien particuliers que sont les dialogues œcuméniques, mais qu’elle diffuse et devienne peu à peu partie intégrante de la vie chrétienne ? En tout cas, bien des problèmes sur lesquels nous butons dans nos communautés seraient réglés rapidement ! Combien d’énergie dépensons-nous dans des querelles ou des guerres de position qui certes, ont presque toujours une vraie justification, mais qui, lorsqu’elles s’enveniment ou s’enkystent, finissent par geler toute possibilité de dialogue serein. Toute l’Église s’en trouve comme réfrigérée. Chacun grelotte dans sa casemate ; et en attendant, l’Évangile – qui est réconciliation, joie et paix – n’est pas annoncé !
Alors, oui, prions avec le Pape, pour qu’il accomplisse sa mission de pasteur, mission de communion et d’unité. Mais cette mission a besoin de chacun des chrétiens, de notre prière, mais aussi de cette disposition à la réconciliation, appelée à nous imprégner en profondeur.
Étienne Grieu