Redonner le sourire à des jeunes filles
Père Bernard Ugeux
L’objectif du Centre Nyota – Maison du Partage est d’accueillir, d’encadrer et de réinsérer des filles abandonnées, marginalisées et désoeuvrées qui n’ont pu être scolarisées.
Sur le versant d’une colline, au flanc de la paroisse de Kadutu, à Bukavu (RDC), il existe un lieu où depuis de nombreuses années des jeunes filles retrouvent un sens à leur vie et des moyens pour se réinsérer dans la société. Le Centre Nyota – Maison du Partage accueille chaque année en journée environ deux cent cinquante jeunes filles.
Son objectif est d’accueillir, d’encadrer et de réinsérer des filles abandonnées, marginalisées et désoeuvrées qui n’ont pu être scolarisées.
Il y a des « filles de la rue », des filles récupérées de la prostitution, des mamans célibataires. L’âge varie entre 11 et 22 ans. La plupart restent chez un membre de leur famille élargie, les autres demeurent dans des foyers d’accueil. Un grand nombre de ces jeunes filles ont été traumatisées, soit au village lors des attaques des milices, soit dans des maisons de prostitution. On constate qu’à la suite de la banalisation des violences sexuelles par des hommes en uniforme jouissant de l’impunité, celles-ci se sont répandues en ville également, jusque dans la société civile.
La formation s’étend sur 2-3 ans selon les besoins. Le centre pourvoit une alphabétisation – conscientisation qui débouche sur un certificat d’études primaires (98 % de réussite l’an dernier) et une formation professionnelle (cuisine, coupe et couture…) en vue de les réinsérer dans la vie normale. Il fournit aussi une éducation morale et spirituelle ainsi qu’une prévention contre les MST et une éducation à la sexualité positive. Il offre un microcrédit à certaines d’entre elles qui ont terminé le cursus afin qu’elles jouissent d’une autonomie financière et ne retombent pas dans la rue ou la prostitution. Il emploie des animateurs et des enseignants, en partie bénévoles, qui vivent difficilement avec un petit salaire mensuel.
Lorsque des jeunes filles ont connu des situations humiliantes et surtout traumatisantes, il leur faut du temps et un accompagnement personnel pour vivre une résilience (c’est-à-dire rebondir après un traumatisme). Tant qu’elles ne retrouvent pas une identité sociale et une place dans leur milieu, elles n’arrivent pas à se reconstruire.
C’est pourquoi, rien que de porter un uniforme et de se rendre chaque jour à l’école, modifie profondément le regard que porte sur elles leur entourage, ainsi que leur propre perception.
Le centre Nyota – Maison du Partage ne limite donc pas son activité à de la scolarisation, il contribue, grâce à une équipe très dévouée, à reconstruire en profondeur des jeunes filles qui seront demain des citoyennes à part entière et des chrétiennes engagées.
Père Bernard Ugeux, Missionnaire d’Afrique
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